Xavier Grosclaude, le 24 septembre 2017

  

A la faveur du retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne, l’idée de listes transnationales pour les prochaines élections européennes en 2019 a refait surface dans le débat politique français.

Ce « marronnier politique » n’est pas nouveau, il est né avec la première élection des membres du Parlement européen au suffrage universel en 1979.

Cette idée portée historiquement par les partisans d’une Union européenne intégrée sur le modèle fédéral a eu son heure de gloire, les écologistes y sont encore très attachés, seul hic …Les priorités sont désormais ailleurs.

 

1] De l’inutilité de listes transnationales dans une Union à la croisée des chemins.

Sur le papier, l’idée de créer une circonscription électorale transnationale est louable malheureusement elle n’apporte aucune valeur ajoutée sur le plan politique. Non seulement elle ne garantit pas une montée en gamme du débat politique européen mais de surcroit elle pourrait se révéler particulièrement contreproductive sur le plan électoral en introduisant un élément de complexité dans un processus jugé déjà compliqué par nombre d’électeurs (le taux d’abstention aux dernières élections européennes s’établissait en France à plus de 56 % …).

Par ailleurs, sur le plan institutionnel, l’existence de listes transnationales ne modifierait en rien les relations entre le Parlement européen et les autres institutions de l’Union sachant que le Parlement européen est déjà par essence transnational d’une part, dans sa composition mais également dans sa structuration avec l’existence de huit groupes politiques indépendants des formations politiques nationales.

Enfin, l’existence de listes transnationales serait totalement neutre pour la vie démocratique de l’Union dit autrement, elle n’apporterait rien. En résumé, cette idée, séduisante dans son énoncé, ne peut plus être une priorité de l’agenda européen en revanche le passage de 751 députés à 658 s’impose sur le plan politique pour acter le retrait du Royaume-Uni de l’Union.

 

2] De la nécessité franco-française de composer des listes ayant une véritable conscience européenne. 

Nos amis européens n’ont jamais vraiment compris la logique inhérente à la composition des listes européennes en France. Si le profil européen, l’influence et l’expertise constitue des critères de choix dans la plupart des pays membres de l’Union, les formations politiques françaises se sont toujours singularisées en envoyant au Parlement européen des recalés du suffrage universel, des syndicalistes à remercier pour "bons et loyaux services", des anciens ministres démonétisés, de généreux donateurs à ne pas contrarier et des apparatchiks sur le déclin dont l’intérêt pour l’Union européenne se limite au seul montant de leur indemnité parlementaire.

Depuis 2014, l’influence de la France au Parlement européen, pièce maitresse de la démocratie européenne, a terriblement reculé avec la présence de députés « zombies » très présents à Paris, sur les plateaux de télévision, pour critiquer l’Union européenne mais terriblement absents à Strasbourg pour voter ou à Bruxelles pour travailler en commissions. Seule une dizaine de députés européens français font honneur à l’Union et à la France par leur travail continu et leur connaissance approfondie des dossiers européens.

En 2019, les nouveaux députés européens devront impérativement construire une véritable relation avec les électeurs de leur circonscription. Cette relation, aujourd’hui inexistante, nuit au rayonnement du Parlement européen dans les pays membres. Elle nuit aussi à la connaissance des enjeux européens par les citoyens en laissant le champ libre à la diffusion de contrevérités fabriquées de toute pièce dans le seul but de saper l’unité de l’Union européenne et son influence dans le monde.

 

3] De l’urgence de localiser toutes les activités du Parlement européen à Strasbourg. 

Outre les aspects financiers liés aux coûts des navettes entre Bruxelles et Strasbourg, il devient urgent de fixer l’ensemble des activités du Parlement européen à Strasbourg et d’y adjoindre les services du Secrétariat Général actuellement basé au Luxembourg.

Le sujet ne doit plus être tabou car l’Histoire mais aussi le futur milite pour une unité de lieu à Strasbourg, espace de réconciliation mais aussi siège de nombreuses organisations internationales sans être une capitale nationale, singularité peu commune.

A l’heure de la communication digitale, l’organisation des « trilogues », à savoir les négociations entre la Commission, le Conseil et le Parlement, ne serait être un argument recevable pour empêcher le poumon démocratique de l’Union d’oxygéner vingt-sept pays unis dans la diversité.

 

Xavier Grosclaude est Délégué Général de Fenêtre sur l’Europe
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