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Slovénie, membre de l'Union Européenne depuis 2004
par Henri Vacquin, le mercredi 13 avril 2011

Le droit de cité au conflit est le meilleur critère d'appréciation de la santé d'une société, qu'il s'applique au travail proprement dit ou au travail citoyen. On notera au passage que ces deux natures de conflit sont indissociables l'une de l'autre si l'on veut comprendre ce qui les meut, les modalités qu'elles prennent et le degré de combativité dont elles informent. Le conflit, quel qu'il soit, est toujours le fruit d'une bataille de valeurs dans la Société. À cet égard, vient d'apparaître un bouleversement vraisemblablement historique, initié en septembre 2008 avec la crise du capitalisme ultralibéral et consommé avec ce qu'il vient d'advenir au Japon


La bataille des valeurs, où se nichent les sources profondes de la conflictualité sous toutes ses formes, vient de basculer sur un tout autre registre : une bataille planétaire des valeurs qui transcende et bouscule toutes les civilisations, dans le regard qu'elles portent sur elles-mêmes comme sur les autres. Dans son dossier, Metis analyse notamment les conflits qui agitent en ce moment différents coins de l'Europe et de la planète, conflits à la fois si divers et si semblables, conflits sur lesquels Jean Marie Bergère jette un œil de philosophe.

La crise financière avait déjà fait comprendre l'interconnexion très évidente des faits, quels que soient leur nature et leur lieu d'origine sur la planète. L'individu lambda avait intériorisé la métaphore poétique du battement d'aile de papillon au Mexique qui provoque une tornade en Ile-de-France. Ceci d'autant plus facilement, que la crise financière déployée de New-York à Paris se combinait très bien avec l'amalgame subprimes-Bettencourt-Woerth, avec comme conséquence, des millions de personnes dans la rue au prétexte des retraites. La vague de pollution financière n'a pas manqué de nous atteindre. Qui plus est, dans notre famille européenne, nos cousins grecs, irlandais, espagnols et portugais allaient le payer d'un prix exorbitant dont rien n'augurait que nous puissions y échapper.

Il y avait eu aussi un volcan islandais dont le nuage avait semé une belle pagaille dans les transports vitaux et les flux tendus de nos échanges économiques et touristiques. Notre sentiment de toute puissance en avait pris un coup, mais il fut vite chassé par la déclaration d'un Ahmadinedjad en Iran ou une grande compétition sportive. Plus proche dans le temps, il y avait la Côte d'Ivoire, il y a toujours la Côte d'ivoire, avec la même incapacité de l'Afrique noire et de l'ONU à faire respecter les décisions prises. Mais rien là qui n'aille à l'encontre de nos idées reçues occidentales sur l'Afrique noire.


Il devient difficile de désespérer de tout, même de nous


Par contre il allait en être tout autrement quand advinrent la Tunisie, l'Egypte, des frissons non négligeables en Algérie, au Maroc, en Jordanie,... puis le fracas libyen. La sidération passée, nos idées reçues sur le Maghreb en furent sacrément ébranlées. Des « Arabes », soit disant inaptes par nature ethnique et religieuse à la démocratie et potentiellement adeptes d'Al Qaida, faisaient preuve d'une indignation doublée d'un courage qui contraignait au respect. Rien à voir avec ce que suscite en France l'« Indignez vous » de Stéphane Hessel. La subordination à l'arbitraire des jeunes de là-bas n'avait plus rien de commun avec celle de leurs parents, comme en Grande-Bretagne, voire en Pologne où l'apathie des jeunes est dénoncée par une nouvelle gauche « ni catho, ni coco ».

Les peuples arabes ne pouvaient plus tenir lieu d'épouvantails pour Occidentaux en quête de bouc émissaire à bon compte pour justifier leur peur de l'autre. Certes, nous ne sommes pas totalement décrassés de nos idées reçues, comme en témoignent la montée des extrême-droite en Europe et nos dernières cantonales, mais un petit poison vient de se glisser dans notre xénophobie et devrait faire son chemin. On ne sait pas où cela nous mène, mais grâce à ces conflits, il devient difficile de désespérer de tout, même de nous, après la tardive décision du Conseil de sécurité sur la Libye.

Ainsi, ce que donne à voir la Chine sous la pression des conflits du travail, où le parti communiste en vient à s'interroger sur « le rapport de force entre capital, travail et parti » et la nécessité d'un syndicalisme autre que celui que nous connaissons sous sa tutelle.

Enfin, advint l'horreur faite de la simultanéité du tremblement de terre, du tsunami et du péril nucléaire, le tout au Japon, dans la deuxième puissance mondiale, laquelle n'est en rien une île isolée mais bien au cœur du système planétaire.


Le Japon nous est très proche


Subitement, la mondialisation a cessé d'être seulement une affaire de délocalisation d'emplois et de dumping social organisé. L'impact des catastrophes japonaises sur les opinions publiques est sans commune mesure avec celui des centaines de milliers de morts des tsunamis précédents et du tremblement de terre en Haïti. Le Japon, quel que soit son éloignement, nous est très proche, quasi identique à nous, et cela change tout.


Cette fois, la toute puissance beaucoup trop répandue sur la planète va terriblement souffrir, qu'elle sévisse dans la spéculation financière, les techno-sciences, la banale décision prise dans une entreprise comme Renault ou une municipalité comme Stuttgart, ville où le projet de nouvelle gare a provoqué une onde de choc politique qui a traversé toute l'Allemagne.

Une peur a désormais gagné les opinions publiques avec laquelle les décisionnaires vont devoir apprendre à compter. Cela ne date que de quelques jours et déjà à Paris on va dans les pharmacies demander de l'iode, Angela Merkel arrête ses vieilles centrales, la Chine suspend ses négociations sur la construction de nouveaux réacteurs et même la Russie de Poutine va faire des audits. Je vous fais grâce de la réactualisation du débat nucléaire en France, de son excellente tenue vis-à-vis de l'opinion, laquelle aura du mal à en perdre l'habitude. Puisse-t-il en être ainsi pour les "nomades" du nucléaire.

Le problème des schistes bitumineux a toute chance désormais de se poser en d'autres termes. Les pétroliers de la planète devraient réfléchir au bien-fondé des sommes colossales investies en lobbying et communication qui leur ont permis jusqu'à présent de faire tout ce qu'ils ont voulu.

Il va être difficile de compter sur la mémoire courte qui s'était installée et dont Three Mile Island et Tchernobyl ont bénéficié. C'est même à l'inverse une remémoration de Hiroshima et Nagasaki qui s'opère. L'empereur du Japon ne s'y est pas trompé qui a dit prier pour le pays comme son père l'avait fait en 1945.


L'opinion peut faire de quelque décisionnaire que ce soit l'objet de sa vindicte


Désormais, le verre de la planète est plein et chaque goutte peut faire déborder le vase. D'où qu'elle émane, d'une quelconque défaillance des toutes puissantes certitudes supposées acquises (politiques, techno-scientifiques ou sociales). Il est en effet des situations où, comme au Maghreb ou a fortiori en démocratie, l'opinion peut faire de quelque décisionnaire que ce soit l'objet de sa vindicte. Ceux-ci, dans les entreprises comme dans la Cité vont désormais avoir affaire à cette peur au cœur des opinions publiques. Puissent-ils sur cette catastrophe d'aujourd'hui renouer avec l'intérêt général comme Roosevelt et Churchill avaient su le faire dans l'horreur de la seconde guerre mondiale en affirmant « L'esprit de Philadelphie ».

Hans Jonas fondait « le principe de responsabilité » sur la peur comme prémonition, non la peur proverbiale « qui ne fait pas éviter le danger » mais celle, heuristique, qu'il faut savoir écouter.

Paru dans Métis du 4 avril 2011

http://metiseurope.eu


Henri Vacquin est sociologue et consultant

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