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Luxembourg, membre de l'Union Européenne depuis 1957.
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Slovénie, membre de l'Union Européenne depuis 2004
par Bruno VEVER, le vendredi 21 septembre 2012

Quatre ans après son déclenchement sous l'effet domino des « subprimes » d'outre-Atlantique, la crise de l'euro, comme celle de l'économie européenne, perdure par delà les rémissions qui alternent avec les accès de fièvre. La confiance des marchés ayant été durement ébranlée, comme celle de l'opinion et des électeurs, le « bout du tunnel » ne deviendra visible qu'en tirant les leçons des raisons de cette persistance.


Cinq erreurs ont été et demeurent à ce jour aussi fatales que constantes :

. l'absence d'objectif remobilisateur faisant suite à l'euro et aux élargissements,
. l'incapacité à doter la zone euro d'un bouclier dissuasif pour les spéculateurs,
. le refus de mutualiser aucun volet de nos politiques budgétaires et fiscales,
. l'opposition stérile entretenue entre tenants de la rigueur et ceux de la croissance,
. l'entretien pervers par les acteurs politiques d'un désamour européen de l'opinion.

Les leçons à tirer de ces erreurs sont claires : remédier enfin à ce que, bien à tort, nous n'avons pas voulu, pas pu ou pas su faire jusqu'à présent. C'est-à-dire :

1 Programmer la feuille de route d'une union économique intégrée

La décennie 2000 a été marquée par l'absence de tout nouveau projet européen mobilisateur. L'union monétaire a été traitée comme un point d'arrivée sinon de congélation, et non de départ. Le grand élargissement n'a été accompagné d'aucun approfondissement à la hauteur, l'échec du traité constitutionnel, mal ravaudé depuis, ayant contribué au blocage. Quant à l'infortunée « stratégie de Lisbonne » ambitionnant pour 2010 une Europe « la plus compétitive du monde », qui s'en souvient encore ? Et qui connaît la stratégie « Europe 2020 » qui lui a succédé en rééditant tous les travers d'un échec aussi patent que non analysé et non assumé ?

Le bon sens suggérerait pourtant de combler ce vide européen, si mal ressenti tant par les marchés que par les électeurs, avec une feuille de route autrement crédible : réaliser d'ici 2020 l'union économique intégrée qui manque à l'union monétaire, ce qui nous pénalise face à la mondialisation. Le projet Barnier d'union bancaire constitue certes un premier pas, mais où est la feuille de route pour guider nos pas ?

2 Protéger durablement la zone euro des spéculations financières

L'euro avait été lancé bien imprudemment sans aucun fonds d'assistance mutuelle. Les feux répétés de la crise aux périphéries de la zone euro ont forcé nos dirigeants à improviser des mécanismes d'appui mobilisant des centaines de milliards d'euros. Aussi exorbitants qu'ils puissent paraître, ces montants seront insuffisants en cas de décrochages plus importants. La seule défense efficace serait de brouiller les cartes d'une spéculation qui attise les taux, creuse les déficits et fracture la zone euro, décourageant les efforts les plus sincères et les rigueurs les plus strictes.

La Banque centrale européenne a montré la voie en décidant cet été le rachat illimité des titres publics en difficulté. Ce premier pas devrait être suivi et amplifié par d'autres : l'audace très rationnelle d'« eurobonds » ou « euro-obligations » apparaît comme le seul moyen d'assurer un bouclier efficace tout en donnant de vraies chances aux efforts légitimement requis des Etats bénéficiaires. Un Institut financier européen devrait ouvrir la voie à un Trésor européen et à de tels eurobonds, de même qu'un Institut monétaire européen avait ouvert celle de la BCE et de l'euro. La survie de l'union monétaire implique d'affirmer l'émergence d'une union financière !

3 Mutualiser une part significative des politiques budgétaires

Le surendettement massif d'Etats confrontés au tête à queue de la rigueur impose de mettre fin aux doubles emplois et aux triples coûts de budgets nationaux déconnectés qui aggravent tant leur déficit que leur impuissance. Le rééquilibrage des dépenses publiques ne pourra réussir qu'en inaugurant une règle d'eurocompatibilité justifiant certains transferts ciblés au niveau européen.

A l'instar du besoin pressant d'un Institut financier européen, un Institut budgétaire européen devrait aussi être créé pour préparer les Etats à cibler ces mutualisations. Il contribuerait à analyser les économies envisageables, les allègements escomptés de prélèvements fiscaux, les modalités d'organisation sur les intérêts communs (cf. douanes unifiées, police et protection civile transfrontalière, diplomatie et défense européenne, etc.), ainsi que les nouvelles perspectives ouvertes aux préférences d'achats publics, aux investissements et à l'activité économique en Europe. Les économies d'échelle de telles mutualisations justifieraient que le budget européen passe à terme du 1% actuel du PIB à un seuil mieux en phase avec nos besoins communs tel 5%, tout restant très en deçà du niveau fédéral américain de 20%.

Cet Institut budgétaire européen pourrait aussi explorer les moyens pour les Etats de cesser de jouer fiscalement les uns contre les autres, « paradis contre enfers », au seul bénéfice de capitaux sans cadre ni attaches, et dès lors sans foi ni loi. Un encadrement de la fiscalité des capitaux mobiles, à un seuil juste mais restant attractif, permettrait de consolider les recettes fiscales de l'Union tout en rééquilibrant l'imposition aujourd'hui excessive des assujettis moins ou non mobiles. Les soutiens financiers dans la zone euro devraient être liés à un tel pacte fiscal, à l'instar des disciplines renforcées exigibles des Etats bénéficiaires d'eurobonds. L'union monétaire doit être complétée par un cadre minimal d'union fiscale !

4 Développer une solidarité européenne dans la mondialisation

Pareilles mises en commun de nos politiques budgétaires permettraient de créer une dynamique inédite dépassant les controverses stériles entre rigueur et croissance. Cette dynamique devrait être amplifiée par l'émission d'emprunts européens pour investir massivement dans les domaines stratégiques qui conditionnent tant notre compétitivité que notre sécurité : transports, télécommunications, informatique, défense, espace, énergie, biologie, environnement. Face à pareille revitalisation d'une solidarité européenne tournée vers l'avenir, qui pourrait douter que les marchés, capitaux européens en tête, ne leur réservent le meilleur accueil ?

Ceci supposerait de donner de nouveaux droits et de nouvelles chances aux partenariats technologiques, industriels et commerciaux, et notamment à l'affirmation de véritables euro-entreprises. Trop d'exigences restent enlisées voire en jachère et devraient faire l'objet de programmations prioritaires suivies d'effets opérationnels : statut juridique, brevet, fiscalité, fondations, sous-traitance, assurance crédit, etc.

Ces partenariats économiques devraient aussi être appuyés par une solidarité renforcée des Etats s'appuyant tant sur le service européen pour l'action extérieure que sur la réalité fédérale de l'euro pour renforcer notre poids commun dans la mondialisation et sur les marchés tiers, au lieu de nous laisser jouer les uns contre les autres à notre détriment constant. Cette solidarité européenne devrait, à l'instar de celle qui existe déjà à l'OMC, s'exprimer à travers une voix unique dans les enceintes internationales à vocation tant économique (G20, FMI) que sociale (OIT) et s'élargir au domaine politique, notamment à l'ONU.

5 Réconcilier l'Europe et les Européens

Nous ne retrouverons la voie du bon sens qu'en tirant ces leçons d'erreurs qui sont à l'origine de la persistance de la crise de l'euro et de l'Europe. C'est ainsi que nous cesserons de détricoter côté cour la solidarité que nous prétendons tisser côté jardin.

C'est également ainsi que nous cesserons d'accuser des effets de nos incohérences la terre entière, donc la mondialisation, qui n'en est aucunement responsable, nos partenaires européens qui ne font que nous renvoyer l'image de nos propres travers, et bien sûr « Bruxelles » qui, du fait même de nos contradictions, est un compromis aussi insuffisant que difficile, injustement livré à la vindicte de nos opinions.

C'est enfin bien ainsi que nous pourrons, en mettant fin aux vraies raisons de la crise de l'euro et de l'Europe, réconcilier de surcroît l'Europe et les Européens !


Bruno VEVER est Secrétaire Général d'Europe et Entreprises

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