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par Bruno VEVER, le jeudi 17 mai 2012

Austérité ou relance ? Désendettement ou croissance ? Il y a quinze ans déjà, la mise en place de l'euro avait vu s'opposer deux écoles. D'un côté, les avocats de l'orthodoxie germanique insistaient sur la pureté inaltérable qu'il convenait de préserver au pacte de stabilité de Maastricht. De l'autre, les socialistes remis en selle après la dissolution improvisée par Jacques Chirac conditionnaient leur aval au pacte à une meilleure prise en compte des besoins de relancer la croissance.


Le compromis trouvé à l'époque noya les oppositions dans la sémantique élargie d'un « pacte de stabilité et de croissance ». Pour les Allemands, à l'instar du pâté d'alouette, cette nouvelle dénomination ne changeait rien au contenu réel d'un pacte essentiellement axé sur la stabilité. Pour les Français, attachés à leur interventionnisme jacobin par delà les cohabitations, on tenait là un butoir aux excès rigoristes de Bruxelles.
 
L'histoire retint que ce pacte ne mérita par la suite aucun de ses deux qualificatifs. Le volet stabilité fut oublié d'un commun accord par une Allemagne aux prises avec les coûts toujours croissants de sa réunification et une France ombrageuse face à toute interférence extérieure dans ses dépenses publiques. Ce double lâchage créa un climat d'irresponsabilité mutuelle dans lequel s'engouffrèrent tous les autres, Grèce en tête. Quant au volet croissance, il fut étouffé dans l'œuf par l'absence de toute stratégie économique commune et de tout moyen solidaire crédible à l'échelle européenne. Ce pacte évaporé aura été l'exemple même des promesses qui n'engagent que ceux qui y croient. On connaît la suite…
 
Cette suite, il nous appartient d'en tirer quinze ans après toutes les leçons, ou de solder une trop brève histoire de l'euro ! L'élection de François Hollande et le paroxysme atteint par la crise grecque se sont conjugués pour réouvrir le débat sur la gouvernance économique européenne, si mal clos par le récent traité bâclé à 25 en janvier dernier. Pour éviter de se fourvoyer dans une nouvelle impasse, comme il y a trois mois ou comme il y a quinze ans, l'Europe devra finir par tenir compte des erreurs à répétition accumulées à nos dépens tout au long de cette période. Ce qui appelle trois changements majeurs :
 
1. un changement d'approche : on ne relancera pas l'Europe en continuant d'opposer rigueur et croissance dans des joutes stériles entre experts méritant trop peu leur nom ou politiciens méritant trop bien le leur. Constatons par contre que les agences de notation s'inquiètent davantage à présent de la récession qui s'installe en Europe que du surendettement lui-même qui ne pourra guère être résorbé si la dépression perdure. Et reconnaissons, avec tous ceux qui ont gardé un peu de bon sens, qu'on avance sûrement mieux sur nos deux jambes qu'à cloche-pied. Réservons donc nos débats à une synchronisation optimale des deux pour repartir sans tomber !
 
2. un changement de méthode : on ne relancera pas l'Europe en continuant de jouer les trois singes autistes. L'Eurogroupe doit en finir avec la loi du silence qui l'a rendu incapable de gérer collectivement l'euro et d'en prévenir les dérives et les faillites. L'Allemagne doit reconsidérer les intransigeances extrêmes d'une rigueur aveugle et sourde à tous les déséquilibres et toutes les détresses. Quant au nouveau président français, il doit rompre clairement avec les malencontreux ultimatums à l'Europe de retraits ou de chaise vide que son prédécesseur et adversaire de campagne s'était ingénié à exhumer d'un autre temps.
 
Pour sortir l'Europe de la crise, un seul mot d'ordre doit aujourd'hui réunir tous les protagonistes : renouer avec la méthode communautaire basée sur un équilibre négocié et assumé de droits et de devoirs qui, par delà les inévitables tensions toujours surmontables entre partenaires de bonne foi, a été la clé unique de tous nos acquis européens et reste la seule capable de nous ouvrir de nouvelles perspectives communes.
 
3. un changement d'échelle : on ne relancera pas l'Europe l'œil fixé sur le rétroviseur, en renationalisant les labels de production, en réinstallant des postes frontières, en récusant toute identité propre à l'Europe et en refusant toute dimension crédible au budget européen. Sortir l'Europe, donc nous-mêmes, de la crise implique non pas une addition introuvable d'approches nationalistes qui ne créerait pour tous que soustractions et divisions, mais la recherche d'un effet multiplicateur fondé sur une volonté collective partagée, un champ de manœuvre communautarisé et une solidarité continentale renforcée dans la mondialisation. Seul un tel changement d'échelle permettra de réduire l'endettement public des Européens sans aggraver le poids de leurs impôts ni affecter leur compétitivité, leur développement, leurs libertés et leur protection.
 
Pour réussir de tels changements et relancer la croissance économique en Europe, cinq actes forts et interdépendants, donc nécessairement consensuels, paraissent impératifs. Ils conditionnent toute réussite durable d'une renégociation de la gouvernance économique européenne :
 
1. le respect par tous de la règle d'or : il n'y a pas de perspective de reprise économique pour l'Europe sans remise en ordre de ses comptes publics. La règle d'or ne doit être ni une pomme de discorde, ni un vœu pieux, ni l'alpha et l'oméga de l'économie européenne. Mais elle doit être considérée comme une ardente obligation dont la mise en œuvre désormais incontournable impose autant d'intelligence que de détermination.
 
2. des moyens communs pour dissuader la spéculation : dans la mesure où l'impératif du désendettement est enfin pris au sérieux, contrairement à il y a quinze ans, il faut faciliter et non compliquer sa réalisation. Un moyen central devrait être la mutualisation d'une part significative du financement des dettes publiques par l'émission en commun d'euro-obligations, obligeant les spéculateurs à lâcher prise dans un jeu où les règles auraient été fondamentalement modifiées. L'accès d'un Etat au refinancement par ce biais de sa dette devrait bien sûr être conditionné au strict respect d'un cahier des charges très contraignant, faisant l'objet de cautions auprès du budget communautaire et dûment contrôlé par la Commission mandatée avec tous les moyens requis.
 
3. un code de conduite fiscal pour fiabiliser les recettes nationales et européennes : il est urgent d'encadrer une concurrence fiscale aujourd'hui suicidaire des Etats au seul bénéfice de capitaux sans attaches ni frontières et au détriment de la plupart des entreprises, notamment PME, des résidents et des travailleurs de chaque Etat membre, comme de l'Union européenne dans son ensemble. Il n'y aura pas de relance économique européenne sans assainissement et rééquilibrage des ressources budgétaires des Etats membres ni renforcement des ressources propres du budget communautaire, lui permettant d'atteindre progressivement une masse crédible. Le barrage de l'unanimité au Conseil, qui a jusqu'ici gelé toute approche commune, devrait finir par céder sous la pression des déferlements de la crise.
 
4. un redéploiement européen des services d'intérêt général : la remise en ordre de nos finances publiques doit s'inscrire dans une réorganisation européenne, avec des mises en commun assurant autant d'économies d'échelle que de valeurs ajoutées, permettant d'emboîter les budgets des Etats membres dans une eurocompatibilité aujourd'hui introuvable. Il s'agit notamment d'engager une mutualisation des dépenses publiques là où celle-ci apparaît nécessaire : intégration d'un service diplomatique européen solidaire pour peser efficacement dans le monde, unification des douanes aux frontières externes pour garantir l'identité du grand marché intérieur, création de services communs de répression des trafics et des fraudes pour mieux protéger nos intérêts, mise en place de structures européennes de police, de protection civile et de défense pour assurer notre sécurité collective.
 
5. des partenariats public/privé innovants à l'échelle européenne : il apparaît urgent d'engager de nouveaux programmes européens pour moderniser nos infrastructures industrielles et technologiques. Il s'agit d'atteindre ensemble la masse critique nécessaire pour développer des investissements stratégiques qui conditionnent notre compétitivité dans la mondialisation, face aux mutations accélérées des marchés. Les principaux champs d'application intéressent notamment la défense, la sécurité, les transports, les télécommunications, l'énergie, la santé et l'environnement. Pour réaliser de tels programmes, le lancement d'emprunts européens de l'Union européenne constituerait notre meilleur investissement contre la crise. En démontrant que  « l'Europe est de retour », ils ne pourraient que ranimer la confiance et rencontrer le meilleur accueil des marchés. Le regain d'activité économique, d'emplois et de rentrées fiscales en découlant permettrait d'en amortir le coût d'amorçage et de contribuer à réduire les déficits des Etats.
 
Les grands objectifs pour sortir l'Europe de la crise paraissent finalement simples, même si leur mise en œuvre sera forcément complexe. Ils impliquent de parachever une union économique trop oubliée, seul moyen d'optimiser et de pérenniser notre union monétaire. Pour réussir, il manque surtout à l'Europe des dirigeants un peu plus visionnaires, un peu plus audacieux et un peu plus collégiaux. Souhaitons donc aux nouveaux de se révéler comme tels et aux autres de réussir une tardive mais salutaire conversion !


Bruno Vever est secrétaire général d'Europe et Entreprises 

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