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par Bruno VEVER, le lundi 05 janvier 2015

L'Union européenne entame cette nouvelle année 2015 avec deux nouveaux présidents : Donald Tusk, ancien premier ministre polonais, a remplacé Herman van Rompuy à la présidence du Conseil européen et Jean-Claude Juncker, ancien premier ministre luxembourgeois, a succédé à José Manuel Barroso à la présidence de la Commission européenne.


Les deux hommes portent avec eux les derniers espoirs d'un renouveau, leurs prédécesseurs n'étant guère parvenus à imprimer leur marque pour sortir l'Europe de l'interminable crise ou elle paraît aujourd'hui s'enliser. Jean-Claude Juncker, vieux routier des arcanes européennes, a explicitement présenté sa Commission comme celle de la « dernière chance ».

Car cette année 2015 s'ouvre sur un climat européen morose et perturbé, plombé par les contreperformances économiques, la précarisation de l'emploi et l'absence de projet novateur pouvant fédérer et relancer les énergies des vingt-huit Etats membres.

Les eurosceptiques de tous bords continueront d'y voir une crise d'obsolescence et de rejet, et de prôner un retour à leur paradis perdu des douaniers d'après-guerre. Nos gouvernants préfèreront évoquer une crise passagère d'adaptation à des temps difficiles, sans pour autant proposer de nouvelles perspectives au projet européen : ils restent trop occupés à convaincre leurs électeurs du primat de leurs propres décisions et protections nationales dans pareil conglomérat.

Un vétéran européen aussi illustre que Valéry Giscard d'Estaing en est réduit à agiter le mirage d'un redémarrage à douze, alors même que la zone euro est passée en 2015 à dix-neuf, dont la France n'est pas au rang des plus exemplaires ! Les avocats d'un retour en force du « rêve européen » pour tous ont par contre mystérieusement disparu : nulle trace de tels Européens dans les cercles politiques, économiques, médiatiques et même associatifs, par-delà quelques originaux, isolés et inaudibles.

On comprendra que l'opinion, durement mise à l'épreuve par les mesures d'austérité en tous genres improvisées par ses dirigeants, se trouve de plus en plus déboussolée, donc perméable aux faux prophètes d'aventures sans mémoire ni garde-fou, comme les élections européennes de mai 2014 l'ont brutalement démontré dans de nombreux pays à commencer par la France !

Notre Europe est en crise, certes. La cause est entendue. Mais de quelle crise s'agit-il ? Ni ses opposants, ni ses gouvernants ne se prêteront ici au jeu de la vérité, les uns parce qu'ils combattent la finalité comme les acquis de la construction européenne, les autres parce qu'ils ne sont toujours pas prêts à en assumer les conséquences et à partager ce qui reste de leurs pouvoirs, aussi vacillants soient-ils.

La crise de l'Europe n'est pourtant ni une crise de déclin, ni une crise d'obsolescence. En trente ans, la construction européenne a réussi des avancées inimaginables, suite à des programmes pertinents, efficaces et courageux, datant d'une époque où on avait encore des ambitions communes et d'authentiques Européens pour les conduire, et grâce aussi à des circonstances inattendues qui ont bousculé bon nombre de nos dirigeants nationaux !

Jugeons-en : suppression de toutes les entraves et barrières douanières aux frontières internes, prépondérance des normes européennes, voix unique dans les négociations commerciales internationales, réunification allemande sans heurts et sans faute, extension continentale irrépressible à vingt-huit Etats membres, sans compter les pays associés, union monétaire couronnant le marché unique, élargie à dix-neuf membres en 2015 avec la Lituanie, surveillance multilatérale progressivement imposée des rééquilibrages budgétaires des Etats. Combien, même parmi les plus optimistes d'il y a trente ans, pourtant plus nombreux et mieux audibles qu'aujourd'hui, auraient parié sur un pareil bilan ?

La nouvelle présidence semestrielle du Conseil de l'Union inaugurée en ce début 2015 par la Lettonie, ancienne république de l'URSS, nous rappelle opportunément cet incroyable développement. Ce petit Etat membre, voisin direct de la Russie, comporte lui-même de nombreux russophones, à l'image d'autres pays baltes de l'Union, mais aussi de l'Ukraine victime d'un conflit armé pour des motifs analogues ! Voilà qui souligne combien l'équilibre et la sécurité du continent européen demeurent fragiles, notamment face à la brutale glaciation des rapports avec une Russie partie à la reconquête de ses anciennes frontières. Aujourd'hui comme hier, les mérites de l'Union pour défendre la paix et la liberté sont bien loin d'être surannés !

La crise de l'Union européenne n'est donc pas une crise d'obsolescence mais bien une crise de maturation et d'identité suite à sa trop rapide mutation. Pour faire face à ses nouvelles responsabilités géopolitiques, sécuritaires, économiques et sociales, l'Union européenne de 2015 est assurément mal à l'aise dans des institutions et des missions qui datent pour l'essentiel de 1957 et n'ont été réformées qu'en deçà des besoins actuels. Le parapluie de l'OTAN ne la met pas à l'abri de tous les orages, tout en lui faisant payer l'inévitable facture d'une telle dépendance d'outre-Atlantique, avec des Etats-Unis eux-mêmes de plus en plus recentrés vers un hémisphère Pacifique en pleine recomposition.

L'immobilisme politique actuel de l'Union européenne, comme ses retards de développement économique, d'autonomie sécuritaire, d'innovation technologique, de mutualisation budgétaire, de réorganisation fiscale et de refondation sociale, occasionnés par une myopie congénitale de ses vingt-huit dirigeants nationaux, si malhabiles à penser et agir en équipe, ne peut qu'alimenter une crise persistante et chronique, avec un fonctionnement toujours aussi opaque, un devenir toujours aussi énigmatique et des ambitions toujours aussi rabougries.

Ainsi, comment faut-il qualifier les acteurs politiques quand ils ne cessent de ravaler l'Europe au dernier plan de leurs ambitions, de leurs projets et de leur communication, ou quand ils se réservent les mérites des rares frémissements européens mais refusent toute mutualisation crédible des moyens, ou quand ils laissent l'Europe endosser les désillusions voire les colères d'une opinion désorientée ? Comment s'étonner dans pareilles conditions que l'euro-déprime soit devenue notre lot quotidien, au point que plus personne ne paraît s'en étonner, ni même s'interroger sur ses causes profondes ?

Il y aurait pourtant de quoi s'interroger. Ainsi nous bénéficions aujourd'hui, grâce à l'union monétaire, de taux d'intérêt à un seuil plancher et d'une stabilité des prix inédite. Nos échanges commerciaux et financiers ont été libérés, et mis à l'abri des mesures contraires que la crise de 2008 aurait pu susciter. Tant les banques que les budgets nationaux ont fini par être placés sous contrôle européen conjoint. Les capitaux n'ont jamais été aussi abondants et, bien que volatiles, ne cherchent qu'à se placer. L'euro a tenu bon tout en étant redevenu ces derniers temps plus compétitif face au dollar.

Comment expliquer alors que la forte baisse ces derniers mois des prix du pétrole et de la plupart des matières premières, énorme « cerise sur le gâteau » que personne n'attendait mais dont on estime à présent qu'elle pourrait perdurer, ne suffise pas à ranimer en Europe une amorce de redressement économique ? Souvenons-nous par le passé des chocs pétroliers à répétition, des dégradations des termes de l'échange, des inflations récurrentes, des bastilles ou pratiques anticoncurrentielles en tous genres et des dévaluations sauvages en cascade démantelant l'Europe ! La conjonction des martingales inédites dont nous bénéficions aujourd'hui aurait fait crier au miracle nos économistes d'il y a trente ans. Mais elle ne parvient pas à sortir ceux de 2015 d'un état persistant de sidération…

Car, de façon aussi accablante que têtue, la plupart de nos indicateurs économiques européens, notamment français, restent arrimés au rouge. La croissance est devenue si anémique qu'elle se confond avec une décroissance. Les prélèvements publics sont devenus si élevés qu'ils absorbent, notamment chez nous, la majeure partie du PIB – alors que le budget européen reste quant à lui confiné à 1% -. Et cette pression fiscale incontrôlée ne parvient pas pour autant à inverser une hausse des déficits publics qui est devenue abyssale, même si les marchés continuent encore, union monétaire oblige, à les financer à bon compte. Quant au chômage, il continue de s'accroître à des niveaux historiques notamment en France. L'inversion des courbes promise depuis longtemps n'est toujours pas pour demain !

La persistance de ces indicateurs déprimés et déprimants, accompagnée de notations fondantes, va de pair avec nos retards croissants d'investissement dans la recherche, l'innovation, l'industrie et les infrastructures. Elle souligne année après année un déclassement constant vis-à-vis de nos compétiteurs internationaux, avec une montée concurrentielle irrésistible des économies émergentes, notamment asiatiques.

Les Etats membres périphériques et du sud, dont la France, particulièrement éprouvés par l'accentuation d'une rigueur trop tardive pour ne pas être brutale, subissent le plus sévèrement la détérioration de l'économie et de l'emploi. Les Etats membres du nord et du centre, comme l'Allemagne, engagés depuis plus longtemps dans des politiques de rationalisation des coûts tant du secteur public que privé, tirent mieux leur épingle du jeu de cette mauvaise situation européenne.

Bien évidemment, ces pays plus anciennement méritants n'entendent pas gaspiller leurs acquis budgétaires et financiers par des relances inconsidérées au bénéfice prioritaire des autres, ce qui n'améliore pas le climat de compréhension mutuelle et complique la mise en œuvre d'une relance économique européenne. Le grand absent pour réussir est facile à identifier : la confiance…

Aujourd'hui Jean-Claude Juncker, élu sur base d'un accord politique des principaux partis au Parlement européen, veut faire bouger les lignes. C'est avec une lucidité méritoire qu'il s'est présenté comme président d'une Commission de la dernière chance. Son annonce d'un plan de relance de 315 milliards d'euros procède directement de cette volonté de réagir. Elle a été avalisée sans difficulté ni délai par le Conseil européen de décembre présidé par Donald Tusk, dont le style apparaît lui-même plus incisif que celui du trop discret van Rompuy.

Il reste toutefois à préciser les modalités de financement et d'affectation de cette enveloppe de nouvel an, qui n'est aujourd'hui que promise et non pas d'ores et déjà disponible. Et si les Etats, à défaut d'apporter leurs propres euros, se sont empressés de présenter de nombreux projets susceptibles d'en bénéficier, il s'agit là d'un fourre-tout sans cohérence européenne. Dans ces conditions, le risque est évident de voir un saupoudrage politique disperser les étincelles d'un feu de paille sans aucun effet durable.

Tout ceci reste encore bien loin de concrétiser une nouvelle politique économique apte à ranimer la confiance des opérateurs et des investisseurs. On peut donc se demander si Jean-Claude Juncker, dans sa volonté de changement, n'a pas mis la charrue avant les bœufs, et annoncé ou sollicité des fonds avant de présenter un vrai programme les justifiant. Un tel programme ne serait pourtant pas si difficile à concevoir, par-delà toutes les péripéties prévisibles pour le mener à bien.

Citons ainsi au titre des priorités qu'on serait en droit d'attendre pour ranimer la confiance, réconcilier l'opinion avec l'Europe et doter celle-ci des moyens qui lui font défaut : un code de conduite fiscal appuyé sur un véritable « serpent » européen des impositions, mettant fin aux pires iniquités actuelles de traitement – quitte, face aux contraintes des règles d'unanimité, à débloquer la situation par une approche fiscale du contrôle des aides d'Etat et un développement des coopérations renforcées - ; un institut budgétaire européen pour expertiser les indispensables mutualisations de dépenses publiques ; un trésor européen capable de piloter en liaison avec la banque centrale européenne une politique financière pertinente ; une agence européenne de l'énergie supervisant nos besoins collectifs ; une plan de modernisation industrielle et de rattrapage technologique avec des circuits efficaces de financement, des brevets communs compétitifs, des facilités mutuelles d'achat public, des réseaux européens de sous-traitance associant les PME ; des moyens opérationnels de sécurité assurant à l'échelle européenne une protection civile renforcée, une police unifiée des frontières, une lutte efficace contre le terrorisme et la criminalité, des capacités autonomes d'intervention et de défense.

On le voit clairement : ce qui manque aujourd'hui à l'Europe, c'est bien moins des capitaux que des priorités de réorientation, avec une vision cohérente et une feuille de route opérationnelle, qui permettront seules de relancer l'Europe en ranimant la confiance. En ce début 2015, cette réorientation, cette cohérence et cette feuille de route on les attend toujours. Et avec elles, cette « dernière chance »…


Bruno VEVER est délégué général d'Europe et Entreprises et secrétaire général de l'Association Jean Monnet

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