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par Bruno VEVER, le mardi 26 novembre 2013

Qui se rappelle l'annonce en 2010 par Nicolas Sarkozy, à l'issue d'un Conseil des ministres franco-allemand aussi inédit qu'oublié, d'une mise en convergence de la fiscalité française avec nos voisins allemands ?

Présentée à l'époque comme un assainissement nécessaire de notre fiscalité, un pas décisif dans le rapprochement franco-allemand et une contribution majeure à la consolidation de l'euro, cette annonce ne fut suivie d'aucun effet. Malgré une expertise exploratoire de la Cour des Comptes déjà présidée, comme aujourd'hui, par le socialiste Didier Migaud, elle ne déboucha sur aucun résultat même mineur. Elle ne fit d'ailleurs plus l'objet d'aucun rappel de quiconque ni de nulle part. Rideau sur un vrai gâchis !


Le président actuel, dont les rapports avec la chancelière Merkel sont encore plus compliqués que ceux de son prédécesseur, n'a certes rien fait pour exhumer du placard la promesse non tenue de ce dernier. Mais dans son attente façon Beckett d'une embellie économique qui n'aura cessé de se dérober, il n'a par contre pas renâclé à surcharger encore la pression fiscale française, devenue championne toutes catégories avec plus de 57% du PIB désormais absorbés par les dépenses publiques et les intérêts de la dette. Depuis l'annonce avortée de 2010, le différentiel avec notre voisin allemand est passé à dix points !

Les effets d'une telle dégradation de nos finances publiques ne se sont guère fait attendre : croissance zéro, chômage record, attentisme généralisé, fraudes croissantes, délocalisations massives, déficit extérieur abyssal, notation fondante, moral en deuil et sondages en berne. La promesse présidentielle non tenue d'inverser la courbe du chômage d'ici la fin de l'année n'aura pas convaincu les Français des mérites du Père Noël.

L'inversion des courbes qui saute désormais aux yeux est par contre celle du dérapage croissant de notre endettement face à la maîtrise reconquise des finances publiques allemandes, avec une aggravation aujourd'hui atterrante des différentiels dans les projections. Un dérapage qui va de pair avec nos récriminations de cigales contre les fourmis d'outre-Rhin, accusées de nous confisquer un soleil disparu !

Face à ce marasme généralisé et aux rébellions naissantes, l'Elysée, Matignon et Bercy n'ont cessé de se renvoyer le mistigri fiscal dans d'étonnantes parties de bonneteau : recul sur une normalisation du régime dérogatoire des « pigeons », suspension de l'écotaxe face aux « bonnets rouges », pause fiscale générale décrétée côté présidentiel, exégèse embrouillée et temporisatrice de ladite pause côté gouvernemental, et pour finir banco surprise de Matignon, sans attendre ni l'Elysée ni Bercy, avec l'annonce subite d'une « remise à plat » de toute la fiscalité !

Notre mikado fiscal, mille fois superposé par la droite comme par la gauche, devient ainsi l‘improbable terrain de manœuvre choisi pour désembourber un gouvernement qui n'a effectivement plus grand-chose à perdre. Souhaitons-lui bonne chance !

Quel contraste avec l'Allemagne ! Car contrairement à nos divisions, nos clivages, nos états d'âme et nos incohérences, le « Standort Deutschland » est aujourd'hui plus uni et plus solide que jamais. Deux décennies après sa réunification, notre voisin a su rééquilibrer ses comptes puis réagir avec succès à la crise de 2008 en faisant le choix de s'adapter durablement à l'ouverture tant internationale qu'européenne. Sociaux-démocrates, verts, libéraux et chrétiens-démocrates se sont succédés ou alliés pour y contribuer directement.

Ils ne l'ont pas fait sans débats, sans tensions, sans sacrifices ni remises en cause. Les Kohl, Schröder et Merkel, à l'instar de leurs ministres, de leurs alliés ou de leurs rivaux, n'ont pas laissé leurs compatriotes indifférents. Ils n'ont pas, eux non plus, hésité à alourdir leur facture fiscale et sociale quand l'intérêt national l'exigeait, notamment suite à la réunification.

Mais nos voisins allemands n'ont jamais cédé pour autant aux confrontations simplistes droite contre gauche et vice-versa. Par contre, ils ont su inscrire leurs réformes dans une volonté nationale pour réduire les fractures. Ils ont su partager une même ambition de réussir ensemble dans la compétition mondiale. Ils ont su rallier à cette fin l'appui coresponsable des partenaires sociaux. Et ils ont su mobiliser en première ligne le poids décisif de régions fortes et fédérées. Ils ont ainsi, dans tous ces domaines, fait exactement le contraire de nos pratiques hexagonales.

Ainsi, au fur et à mesure que cette Allemagne réunifiée réduisait sa fracture nationale, on a pu voir, de façon quasiment parallèle, s'élargir la fracture franco-allemande. Beaucoup de péripéties et d'occasions gâchées se sont additionnées pour aggraver cette distanciation : trop d'allers-retours et d'inconstances dans notre vie politique nationale dont le seul point fixe est un jacobinisme sans partage, une surdité constante de l'Elysée aux ouvertures d'outre-Rhin à un quelconque fédéralisme européen, le rejet français du traité constitutionnel, la montée en puissance naturellement irréversible de l'Allemagne unifiée dans l'Europe réunifiée, la fragilisation grandissante de la cohésion d'une zone euro trop hétérogène sous les coups de butoir de la crise.

Aujourd'hui, alors que l'Allemagne a retrouvé un équilibre stable et des repères solides dans la nouvelle Europe, avec des voisinages culturellement proches et des esprits ouverts aux défis d'une concurrence mondialisée, la France au contraire ne cesse de perdre les siens sans en trouver de nouveaux, faute sans doute de s'être elle-même remise en question au moment où elle aurait pu et du le faire.

Chez nous, les orateurs politiques qui tiennent le haut des tribunes voire du pavé et assurent les programmes des médias ne cessent de vanter, sur tous les tons et hélas dans presque tous les partis, les replis et mirages d'une France protectionniste, assiégée par la rapacité d'une finance ennemie et par l'horreur économique d'une mondialisation hostile. Et ces craintes réitérées deviennent peu à peu notre réalité !

De l'autre côté du Rhin, les orateurs qui comptent, qui se font entendre et qui se font élire s'accordent au contraire sur l'impératif d'une Allemagne compétitive ouverte sur un monde nouveau et dynamique qui représente autant d'opportunités de croissance, d'exportations, d'échanges et de coopérations. Et cette confiance collective permet d'engranger autant de résultats probants et de succès durables !

Comment pourrons-nous réduire pareille fracture culturelle entre nos deux peuples, qui nous paraissent aujourd'hui si profondément étrangers, dans leur vision du monde et de l'Europe, dans leur système national et social, dans leur façon de faire de la politique, de gérer leurs régions, de faire tourner leurs entreprises, de prévenir ou de désamorcer les conflits sociaux ? Et comment avons-nous pu laisser pareil fossé se creuser malgré la même monnaie, les mêmes contraintes budgétaires, les mêmes ouvertures aux frontières et les mêmes institutions à Bruxelles, Strasbourg, Luxembourg et Francfort ? Enfin comment envisager sur ces bases faire un jour de l'Europe une réalité authentique, ressentie par les peuples, par delà la technocratie actuelle d'une Europe confisquée par les gouvernements et d'anonymes experts ?

Les solutions, on les connaît, au moins en ce qui concerne les réformes à adopter chez nous, qui représentent il est vrai le plus gros des défis dans une remise à plat franco-allemande. Mais ces réformes font peur, car elles heurteraient trop de situations anachroniques et de corporatismes solidement établis qui sont devenus aujourd'hui, bien plus que la mondialisation ou la finance, nos véritables ennemis !

Il fut un temps où la France avait victorieusement affronté ses adversaires d'alors par un triple et vibrant appel à l'audace ! Ne serait-il pas temps aujourd'hui de retrouver un peu de cette impertinence, de cet éveil, de cet élan ? A quelles fins ? Sans doute pour supprimer des départements issus d'une époque de diligences et affirmer des régions à l'échelle d'une relecture européenne ; pour assécher à la source les consanguinités voire corruptions d'un centralisme asphyxiant ; pour démanteler des bastilles administratives sans contrepouvoirs ; pour abolir des statuts et privilèges d'un autre temps ; pour refonder un parlementarisme efficace et moderne digne de nos voisins ; pour être en situation de participer à une vraie intégration de l'Europe ; pour donner à nos citoyens et leurs associations les moyens opérationnels d'y jouer un rôle moteur. On le voit, les terrains où la France aurait besoin d'audace ne manquent pas. Elle pourrait, ce faisant, rendre à un Tocqueville ou un Monnet, aussi valorisés chez nos voisins que méconnus chez nous, justice dans leur propre pays !

La mise à plat de notre système fiscal constitue certes un plat de résistance, dans tous les sens du terme, pour un tel programme. Par un surprenant coup de dés, il se trouve que notre gouvernement veut en faire son nouveau cheval de bataille ! Mais cette bataille n'a aucune chance d'être gagnée si elle est livrée indépendamment d'une réforme plus générale de notre système national qui en est le fidèle reflet.

Plus encore, cette bataille n'aboutira à rien, sauf à nous isoler davantage, si elle ne s'inscrit pas dans un objectif européen opérationnel. Pour nous épargner de prévisibles déconvenues, nous serions bien avisés de nous inspirer ici des réussites de nos voisins, plutôt qu'improviser dans le brouillard où nous nous sommes piégés. Ce qui supposerait bien sûr d'en dire au moins un mot à nos partenaires allemands…

Alors, si on en revenait finalement, tous clivages mis à part, à l'idée d'une mise en convergence fiscale entre la France et l'Allemagne ? Car le seul tort de l'annonce ratée de Nicolas Sarkozy fut de l'avoir oubliée pour achever son quinquennat sur de vains ultimatums à Bruxelles au lieu d'engranger un rapprochement réussi avec Berlin. Mais la roue de l'Histoire continue de tourner : voulons-nous en définitive que ce soit contre nous, sans nous ou avec nous ?


Bruno VEVER est Délégué général d'Europe et Entreprises
http://www.europe-entreprises.com/

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