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Slovénie, membre de l'Union Européenne depuis 2004
par Alain Lamassoure, le lundi 25 octobre 2010

Cette fois, même les francophones posent la question publiquement : l'existence même du royaume de Belgique est désormais en jeu après une trentaine d'années de radicalisation croissante du côté flamand. Les voisins, les cousins que nous sommes assistent à ce lent divorce avec une immense tristesse : pour ma génération, élevée avec la BD belge, comment séparer Tintin de Lambique, Spirou et les Schtroumpfs ?


Au-delà de la France, tous les Européens sont interpellés par cette crise insolite survenant au cœur de la ville siège des institutions de l'Union. Car même si l'origine doit en être trouvée dans l'histoire propre à la Belgique, le mal belge nous aide à porter un regard différent sur d'autres parties de l'Europe.

Flamands, Lombards, Catalans, Ecossais, Bavarois : tous ont en commun l'affirmation d'une forte identité culturelle régionale. Mais aussi une forte tentation égoïste de régions riches, lasses de payer pour les territoires moins développés de leur pays. Un sentiment de ce genre avait déjà joué un rôle dans l'éclatement de la malheureuse Yougoslavie, comme dans le « divorce de velours » des Tchèques et des Slovaques. Il ne nous appartient pas de porter des jugements moraux : au vu du gaspillage colossal des fonds alloués au Mezzogiorno italien, il est difficile de refuser quelques circonstances atténuantes aux Milanais et aux Turinois. Mais observons qu'après soixante ans de paix et de réconciliation historique des pays du vieux continent, les peuples qui vivent désormais au sein de la grande famille européenne ne ressentent plus toujours la même exigence de solidarité dans le vieux cadre national : tandis que les Flamands, plus nombreux et plus riches, ne veulent plus payer pour la Sécurité sociale des Wallons, les Catalans ont obtenu de limiter leur contribution au budget national espagnol à la stricte proportion de leur part dans le PIB national – s'exonérant ainsi du devoir de solidarité envers l'Andalousie et l'Estrémadure. Brandi d'abord par des territoires en retard ou en crise, qui avaient l'impression d'être maintenues dans un sous-développement relatif par rapport à leurs voisins nationaux, le flambeau du régionalisme – fiscal, autonomiste ou indépendantiste – est aujourd'hui porté par quelques-unes des régions les plus dynamiques d'Europe.

Quelle est la portée du phénomène ? Est-il passager ou durable ? Quelles conséquences politiques en tirer ? Voilà un sujet qui mérite réflexion à Bruxelles, capitale de plus en plus européenne et de moins en moins belge.

Une autre question surgit, quand on imagine l'issue possible du mal belge : la partition. Hors de Belgique, tout le monde le regretterait, mais qui pourrait s'en indigner ? Le premier fondement de l'ordre international est le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Seulement voilà : cela signifierait implicitement que rien ne s'oppose à un redécoupage des frontières selon la philosophie d'une partition « ethnique ». Et, là, malaise !

Car voilà ouverte une redoutable boîte de Pandore. Après la décolonisation en Afrique, après l'effondrement du rideau de fer en Europe, l'intangibilité des frontières a été proclamée comme nécessité absolue au maintien de la paix. Plus encore : quand Milosevic s'est lancé dans l'effroyable épuration « ethnique » des territoires qu'il jugeait serbes, la communauté internationale n'a cessé de proclamer qu'en aucun cas l'homogénéité ethnique ou religieuse ne pouvait être la base d'une construction nationale dans les Balkans. Et la communauté internationale a veillé avec acharnement à ce que les Etats issus de la décomposition de la Yougoslavie restent peu ou prou « multiethniques » – « multi-religieux » serait ici plus exact. Mais si aucune rectification de frontières n'est acceptable dans la violence, comment refuser une aspiration à vivre ensemble différemment lorsqu'elle s'exprime pacifiquement et par des voies démocratiques ? Le hic réside dans le fait qu'il est aussi facile de proclamer le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes qu'il est difficile de définir ce qu'est un « peuple ». Le plus délicat étant de préciser à quelle dimension territoriale il faut s'arrêter : la région, la province, voire l'agglomération ? Question particulièrement ardue à partir du moment où la paix « perpétuelle » assurée sur le continent et la totale liberté de circulation au sein du grand ensemble européen éliminent le concept de « viabilité » d'un nouvel ensemble : privé de ressources naturelles et de tout débouché sur la mer, peuplé à plus de 30% d'étrangers, le tout petit Luxembourg a le ruban bleu de la richesse par habitant en Europe. Bref, nul doute qu'un séisme outre-quiévrain ferait trembler les frontières qui avaient été improvisées pour mettre fin à la tragédie yougoslave dans les Balkans.

Nous sommes devenus des experts dans l'art de nous prémunir contre la grippe asiatique, aviaire ou porcine. Nous avons appris que certaines sont mortelles, d'autres parfaitement bénignes. Il ne serait pas inutile que nous commencions à réfléchir aux conséquences d'une contagion possible du mal belge.

Paru sur le site d'Alain Lamassoure , le 13 septembre 2010



Alain Lamassoure, est ancien ministre français des Affaires européennes puis du Budget, ancien membre de la Convention européenne. Actuellement député européen (Parti populaire européen, PPE), il est vice-président de la délégation française du groupe PPE et Président de la Commission des Budgets du Parlement européen. 

http://www.alainlamassoure.eu

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