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Slovénie, membre de l'Union Européenne depuis 2004
par Michel Theys, le lundi 24 octobre 2011

Dans la file qui s'étire loin derrière le coin de la rue, un très vieil homme rayonne. L'observateur européen approche, lui demande depuis quand il attend et subit son supplice vertical, lui dont le dos se courbe et les jambes portent, à l'évidence, le poids des ans avec difficultés. Sa réponse fuse, imparable : "Depuis cinquante ans ! " Rien ne caractérise mieux que cette réplique l'enthousiasme incrédule ayant frappé, dimanche, près de 90% des Tunisiens en âge d'aller voter qui, partout dans le pays, s'en sont allés payer avec une ferveur joyeuse leur tribut à la démocratie retrouvée. Autant de Tunisiens qui, depuis, retiennent leur souffle dans l'attente de savoir ce que celle-ci leur réservera…


Pour l'heure, en tout cas, tous les signaux convergent sans ambigüité : la consultation populaire organisée pour élire l'Assemblée constituante tunisienne a été un immense succès, tant sur le plan populaire que sur celui de l'organisation du scrutin. Ainsi, les observateurs étrangers sont unanimes pour considérer que le scrutin a été libre, honnête et bien organisé par des personnes ayant été correctement formées à leur tâche. Ce n'est pas rien pour un pays qui n'avait jusqu'alors connu que des simulacres d'élections démocratiques.

Est-ce à dire que le scrutin s'est déroulé sans aucune anicroche ? Non, bien sûr. Ainsi, dans certains bureaux de vote, femmes et hommes composaient, le matin, des files séparées. N'ayant aucun pouvoir d'injonction, un observateur de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) s'est borné à demander au président du bureau de vote si cette ségrégation électorale était bien normale. Quelques heures plus tard, femmes et hommes se retrouvaient ensemble dans la même file. Un observateur belge, le député Philippe Blanchart, a découvert, lui, un bureau de vote où se trouvaient, contre toutes les règles, plusieurs témoins du parti islamiste Ennahda (Renaissance), ce qu'il a dénoncé. Pour sa part, un Tunisien de Rome expliquait à qui le voulait sa mésaventure : le parti de son choix ne figurait pas sur la liste présentée dans sa ville de résidence ; il a donc décidé de faire le déplacement vers son pays d'origine où, après moult péripéties administratives, il lui a été indiqué qu'il ne pouvait pas voter. Inacceptable ? Peut-être. Mais comme l'a relevé le Suisse Andreas Gross, chef de la délégation de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, la faute en incombe en tout premier lieu au parti, coupable de n'avoir pas fait le nécessaire pour être présent à Rome. En clair, conclut M. Gross, "s'il a pu y avoir quelques accidents, ils ont en tout cas été mineurs par rapport à l'ampleur du défi relevé par les organisateurs."

C'est d'autant plus vrai que l'engouement des citoyens tunisiens pour ce rendez-vous électoral sans précédent a effectivement pu surprendre par son ampleur, ce qui explique la longueur des files dans beaucoup de bureaux de vote, pas suffisamment nombreux en tout cas. Mais, ainsi que l'a constaté le chef de la délégation de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, face à toutes les contraintes qu'ils ont dû subir, "les citoyens ont montré une maturité et une responsabilité exemplaires par la patience dont ils ont fait preuve devant les bureaux de vote pour déposer leur bulletin dans l'urne."

Sur le plan de la participation, le peuple tunisien a donné, en réalité, une belle leçon de démocratie à bien des Européens, enfants gâtés de la démocratie. Toutefois, comme le relevait Hmida Ben Romdhane dans l'éditorial de "La Presse" de lundi, cette réussite électorale reste actuellement toujours précaire, partielle : " (…) cette réussite ne sera totale que le jour de la proclamation des résultats et l'acceptation par tous du verdict des urnes. Le peuple tunisien a passé avec succès son test de maturité en se rendant massivement aux urnes et en observant une discipline exemplaire. On attend avec impatience le résultat du test de maturité de ceux qui ont pour ambition de diriger ce pays et de façonner son avenir constitutionnel ».

Son test de maturité, la classe politique tunisienne le passera à l'énoncé des résultats du scrutin, promis pour ce mardi après-midi sauf accident. Lundi en fin de journée, la victoire était donnée, une fois encore, aux islamistes d'Ennahda. Ils seraient suivis par le parti du Congrès pour la République du militant des droits de l'homme Moncef Marzouki, tandis que le Pôle démocratique progressiste, résolument laïque et à gauche, créerait une relative surprise en se hissant à la troisième place. Que laisse augurer ce possible clivage entre "religieux" et "laïques" ? C'est sur cette question que se jouera le test de maturité des partis politiques… Et ceux-ci feraient bien de comprendre que les jeunes, fomenteurs de la révolution salvatrice du 14 janvier, ne se laisseront sans doute pas déposséder de leur trésor – la démocratie, l'Etat de droit, la défense des libertés reconquises, l'égalité entre les citoyens... – sans remonter aux barricades !

Michel Theys envoyé spécial de Fenêtre sur la Méditerranée à Tunis


Michel Theys est Rédacteur en chef de Fenêtre sur l'Euroméditerranée et de Nafida EuroMotwassitia

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