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par Michel Theys, le samedi 22 octobre 2011

A Tunis, la rue arabe bruisse de propos où se mêlent et s'entrechoquent engouement et crainte, joie et désabusement, juvénile allégresse et fatalisme. A quelques heures du dimanche où se jouera le sort de la Constituante et, donc, l'avenir du pays, c'est comme si le temps s'y était suspendu. En Tunisie, pays très longtemps cadenassé et privé de démocratie, l'avenir oscille en ces heures cruciales entre imprévisible et par trop prévisible. C'est que, "s'il y a de l'allégresse, les gens ont peur que les vieux démons se réveillent"…


La révolution de jasmin de janvier dernier n'a pas seulement écarté du pouvoir le clan Ben Ali, elle a projeté les Tunisiens dans un monde nouveau, inespéré, qui relève même, pour certains, du miracle. "J'ai 70 ans et c'est la première fois que je vais voter librement dans mon pays, après soixante ans d'indépendance. Je suis donc en train de vivre des moments historiques", explique ainsi Abdelkader Marzouki. Ancien directeur général de la télévision tunisienne, ce personnage affable et distingué qui a aussi présidé le Conseil international des radios et télévisions francophones n'a rien du romantique politique éthéré. Pourtant, le vote qu'il effectuera dans quelques heures à Nabeul le touche profondément, il ne s'en cache pas. Et tous le rejoignent : ce week-end de fête à la démocratie qu'on n'attendait plus fait vibrer tout un peuple. "Au café, on cesse de parler politique seulement quand commence l'émission sportive. Avant, on ne parlait que de sport… ", résume Moez Bassalah, un jeune qui, dans quelques heures, sera l'un des observateurs du scrutin au nom d'une association tunisienne, Sawty (Ma Voix), née voici quelques mois à peine.

Pour Abdelkader Marzouki, les jeunes ont été les détonateurs de la révolution amorcée le 14 janvier dernier. S'il vit aujourd'hui avec bonheur son rêve éveillé, c'est grâce à ce qu'il n'appelle pas "la révolution du jasmin, mais bien la révolution des jeunes". Les jeunes se sont approprié l'espace dont leurs parents avaient été privés, tous leurs espaces, "aussi bien la rue qu'Internet". Aux moments cruciaux, pas un parti ne les a accompagnés dans la rue. La spontanéité, pour les politiques, ne s'est manifestée qu'à l'heure de la récupération du mouvement. L'élection de la constituante en marquera le point culminant. Avec les doutes qui en résultent…

Les jeunes accepteront-ils d'être dépossédés de leur révolution, de leur premier acquis démocratique ? A première vue, rien ne l'indique. Mais les signes sont parfois trompeurs. Un congrès électoral tenu vendredi soir à la Coupole de Tunis a montré l'enthousiasme débridé et communicatif des partisans du Pôle démocratique progressif, une ode à la démocratie dont les Européens n'ont plus guère souvenance. Mais ces militants laïcs et majoritairement de gauche social-démocrate (même si d'anciens communistes garnissent leurs rangs), tous résolument jeunes et éduqués, se voulant un rempart contre les islamistes sont-ils représentatifs de toute la jeunesse de la Tunisie ? Une capitale, métropole universitaire, n'est pas fatalement à l'image de régions défavorisées, laissées l'abandon par le régime Ben Ali.

Du coup, un autre signe positif laisse lui aussi la place au doute. Au cours des derniers jours, beaucoup de Tunisiens ont finalement décidé d'aller voter. Au départ, à l'évidence, ils s'étaient détournés d'un scrutin dont ils ne comprenaient ni la fin ni les moyens. Pas moins de 1.500 listes se présentent aux électeurs dans le pays, de quoi décourager même un démocrate aguerri. Des partis et des programmes inconnus, un suffrage que d'aucuns pensent consacré à l'élection du président de la République, rien n'incitait réellement les gens politiquement les moins cultivés à se mobiliser. Et puis, miracle : au cours des derniers jours, des personnes ont fait le nécessaire pour bénéficier du droit de vote. Des jeunes, beaucoup de jeunes. Un bon signe de mobilisation afin de sauver "leur" révolution ? Peut-être pas…

A la tête de plus de 2100 observateurs de l'Association tunisienne pour l'intégrité et la démocratie des élections (Atide), Lilia Rebai se déclarait, samedi, "inondée par des messages de détresse à l'international", les électeurs de la diaspora tunisienne ayant été convié aux urnes depuis jeudi. A tel point que des élections en Algérie, au Liban et au Qatar ont dû être déjà invalidées, laissant un avant-goût de ce qui pourrait se passer en Tunisie même. Malgré toutes les précautions prises par l'Instance supérieure indépendante des élections (Isie), dont le travail impartial est salué par les diplomates et observateurs en poste à Tunis, les cas de fraude sont déjà légion, la bagatelle de 800 répertoriées, et le pire reste très certainement à venir. Ainsi, "samedi matin, un parti recrutait dans les files", accuse Lilia Rebai, une carte téléphonique ou un peu d'argent étant de nature à s'assurer un vote favorable. D'ailleurs, les portables se sont vus interdire d'accès à l'isoloir, de manière à ce que le soudoyé ne puisse apporter la preuve de son "bon vote". Mais qui peut garantir que, ce dimanche, tous les chefs de bureaux électoraux veilleront à ce que les portables restent avec la carte d'identité. Qui peut assurer que tous agiront afin que soit respecté la consigne selon laquelle un analphabète ne peut plus être accompagné dans un isoloir, un pictogramme assigné à chaque parti étant de nature à leur permettre un choix éclairé et indépendants ?

Parce qu'il a déjà été pris la main dans le sac, le parti islamiste Ennahda (Renaissance) alimente toutes les suspicions. Rien d'anormal, commente un jeune cuisinier, puisque "les islamistes sont bien financés par l'étranger". M. Marzouki ne dément pas : Ennahda ne peut pas dire qu'il compte un million d'adhérents et que son argent lui vient de ses adhérents. Il vient d'ailleurs… " D'où ? D'Iran ? D'Arabie saoudite ? "De l'orient", se contente de répondre, un sourire aux lèvres, cet ancien patron de chaîne. En tout cas, la manne est là pour séduire les ignorants. Et d'autres formations, conduites par d'anciens suppôts du régime Ben Ali, ne sont pas en reste, que du contraire. "C'est que nous sommes et restons les champions de la corruption", ricane le cuistot, dépité. Peut-être, mais voilà qui n'ébranle pas l'espoir, voire la conviction d'Abdelkader Marzouki : "Les jeunes seront toujours là ! Il faudra que les partis acceptent la démocratie. Or, ils n'y sont pas habitué "… Ce dernier bout de phrase implique-t-il que certains perdants pourraient, par mauvaise foi, remettre en cause le verdict des urnes par d'autres moyens, moins démocratiques ? Certains ne doutent pas que le pire n'est pas à exclure, venant des islamistes comme des laïques. "Bienvenue en Tunisie libre… momentanément", s'est exclamée Lilia Rebai à notre rencontre…

Michel Theys
Envoyé spécial à Tunis


Michel Theys est Rédacteur en chef de Fenêtre sur l'Euroméditerranée  et de Nafida EuroMotwassitia

voir aussi http://www.nafidaeuromotwassitia.eu

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