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par Thierry Fabre, le vendredi 28 novembre 2008

Ou comment réinventer un langage et trouver les formes possibles d'une Communauté à imaginer qui relierait l'Europe à la Méditerranée ?


Longtemps la Méditerranée n'a été qu'une vague incantation, un désir nostalgique ou une référence lointaine pour des politiques en mal d'inspiration. Depuis le sommet de Paris du 13 juillet 2008, elle semble devenue un nouveau cadre de référence de la politique internationale. C'est en tout cas ce qui est proclamé à la une des médias.

Qu'en est-il véritablement ? Derrière les écrans de fumée des grands rendez-vous diplomatiques, qu'est-ce qui se trame autour de la Méditerranée ? Une Communauté méditerranéenne est-elle pensable, possible ? Sur quelles bases pourrait-elle se créer ? Autour de quelles valeurs et de quelles priorités ? Selon quels processus ? Á partir de quels moyens et selon quelles convergences d'intérêts ?

Essayons d'y voir plus clair et de penser la Méditerranée en toute liberté, loin des contraintes réductrices qui nous empêchent de renouer avec ce que les saint-simoniens ont jadis appelé un “rêve méditerranéen” . L'horizon d'attente n'est pas seulement celui de la catastrophe, de la montée aux extrêmes et du désir de guerre, même si cette perspective est là et bien là et que des temps obscurs pourraient bien advenir… Mais pourquoi faudrait-il se soumettre à ces sombres prophéties et succomber à une nouvelle forme de nihilisme ? L'avenir ne se subit pas, il s'invente. Une part significative est entre nos mains, il nous appartient d'écrire une autre histoire, d'ouvrir d'autres chemins que ceux d'une confrontation soi-disant nécessaire voire inéluctable entre l'Europe et l'Islam autour de la Méditerranée.

Ce qui apparaît c'est l'intrication de trois temps : un temps de la colère, masqué par le temps des illusions, politiques et institutionnelles, alors que s'annonce un temps de l'espoir pour une véritable alternative méditerranéenne…


Le temps de la colère


“Nous sommes entrés dans une ère dépourvue de points de collecte de la colère et porteurs d'une perspective mondiale.” Peter Sloterdijk

Les passions collectives sont à l'œuvre dans les relations qui se trament d'une rive à l'autre de la Méditerranée. Monte une profonde colère et des formes de violence qui dans leur propagation pourraient conduire à une montée aux extrêmes particulièrement dangereuse.

La première source de la colère des sociétés arabes et musulmanes vivant au sud de la Méditerranée tient sans doute au formidable immobilisme politique qui les caractérise. De la Syrie au Maroc, depuis près d'un demi-siècle, les régimes politiques qui sont au pouvoir n'ont quasiment pas changé. Le verrouillage politique des régimes autoritaires et des dictatures militaires paralyse les sociétés et bloque tout mouvement social. Or ces sociétés sont démographiquement jeunes, les aspirations au changement sont profondes, mais elles sont sans cesse déçues et remises au lendemain.

Comment répondre au besoin d'inventer l'avenir qui s'affirme de plus en plus au sein de ces sociétés, alors que les régimes politiques sont de moins en moins en mesure d'y parvenir ? Est-ce par exemple le général Ben Ali, qui vient d'annoncer son cinquième mandat à la tête de la Tunisie, qui pourra répondre au goût de l'avenir de la jeune société tunisienne ? Kefaya, ça suffit ! Tel est l'immense cri de colère qui retentit depuis les profondeurs de ces sociétés et que personne ne veut entendre. L'Europe, en tout premier lieu, est sourde à ces mouvements politiques et sociaux et elle laisse emprisonner sans réagir les démocrates et les défenseurs des libertés publiques. En quoi sont-ils une menace alors que, de l'intérieur, ils sont porteurs d'un projet d'ouverture politique ? Pourquoi l'Europe a t-elle la mémoire si courte ? La chute des dictatures en Grèce, en Espagne et au Portugal est-elle si lointaine ? La transformation puis la chute des régimes communistes à l'Est, obtenue grâce à la poussée intérieure de ces sociétés, conjuguée aux pressions internationales fondées sur la troisième corbeille des accords d'Helsinki, est-elle impossible et impensable en Méditerranée ?
La peur de l'islamisme et du terrorisme nous conduit à fermer les yeux et à conforter ces régimes dictatoriaux qui se présentent comme des remparts, des garants d'une certaine stabilité alors qu'ils sont le plus souvent à l'origine même de la violence actuelle et qu'ils préparent la violence à venir. Comme le remarque si justement l'écrivain et éditorialiste égyptien Alaa al Aswany : “L'islamisme n'est que le symptôme, la maladie, ce sont les dictatures”… Le statu quo ne pourra pas durer éternellement, prenons garde à ne pas nous tromper trop longtemps de colère. Ces sociétés ont besoin d'ouverture, de mouvement et d'un possible avenir en commun avec leurs voisins européens. Fermer toutes les fenêtres et les portes, empêcher les mobilités, construire une citadelle Europe, sorte de nouvelle ligne Maginot toute aussi “efficace” que la précédente, ne pourra que nous entraîner vers une impasse et renforcer la colère qui monte. Un autre avenir est possible, encore faudrait-il le vouloir et l'imaginer…

La deuxième source de colère dans les sociétés du Sud tient à un profond sentiment d'injustice, à la fois sur un plan intérieur et sur un plan international.

Conséquence de l'immobilisme politique, ces sociétés sont confrontées à une absence de redistribution et à un accaparement des ressources économiques et financières entre les mains des clans au pouvoir et des privilégiés qui les servent. La rente, notamment gazière ou pétrolière, renforce, lorsqu'elle existe, le clientélisme et nourrit de profonds sentiments d'injustice pour tous ceux qui ne bénéficient pas des ressources d'un État qui n'est en rien un “État providence”. Cette configuration économique et financière intérieure, non redistributive et inégalitaire, s'inscrit de plus dans une dynamique du capitalisme mondialisé qui n'a plus besoin de répartition et de démocratie. Le contexte international est à cet égard profondément différent de celui des années 70 et 80 où il s'agissait pour les grands acteurs économiques, alliés aux responsables politiques, de combattre le communisme au nom de la démocratie, des libertés et des lois du marché, ils étaient alors prêts, dans une certaine mesure, à répartir les fruits de la croissance. Aujourd'hui le marché est partout et l'argent est roi, mais les écarts de richesse sont grandissants et le sentiment d'injustice plus profond que jamais. Nul ne se dit plus : “Demain sera meilleur qu'hier…”. Or, sans une telle perspective de “progrès”, d'ascension sociale ou culturelle, les sociétés entrent dans des processus d'involution voire de désagrégation porteuse de violence. Camus voyait juste : “Un homme sans espoir et conscient de l'être n'appartient plus à l'avenir.” Or il existe de plus en plus de désespérés qui, dans l'impasse, peuvent être prêt à tout, jusqu'à se faire exploser…

Sur un plan international, le sentiment d'injustice est encore plus prégnant dans les sociétés arabes, compte tenu de la situation politique et militaire entre Israël et ses voisins. Le processus de paix, enclenché lors de la conférence de Madrid puis des accords d'Oslo, s'est retourné en un processus de guerre. Le principe de “la paix contre les territoires” qui a présidé aux accords d'Oslo a été profondément dévoyé. La colonisation des territoires n'a en effet jamais été aussi grande que depuis que ces accords ont été signés, provoquant ainsi des réactions de plus en plus violentes de la part des Palestiniens qui ont eu le sentiment d'avoir été ainsi floués. La situation politique, économique et même sanitaire n'a jamais été aussi catastrophique qu'aujourd'hui en Cisjordanie et à Gaza.

Cette situation d'impasse politique grandissante s'est accompagnée d'un discours international lénifiant et volontiers trompeur sur la paix au Moyen-Orient, sur la “feuille de route”, véritable déroute de la communauté internationale qui n'est en fin de compte jamais parvenue à faire respecter et appliquer par Israël les résolutions des Nations Unies. Ce déni du droit, cette politique de la force et du fait accompli sur le terrain, confortés par la principale puissance dans la région, les États-Unis, n'a fait qu'attiser un peu plus la colère des populations concernées. L'intervention militaire américaine en Irak, au nom de prétextes fallacieux, n'a fait qu'accroître le climat de tension et de violence dans la région. L'intervention militaire israélienne au Liban, en juillet 2006, et la démesure de la violence et des destructions sur les infrastructures comme sur les populations civiles du pays ont nourri une immense colère, instrumentalisée par des mouvements islamistes tels que le Hezbollah et largement relayée par les télévisions satellitaires arabes…

La colère est à son comble et la faille entre “l'Islam et l'Occident”, entre “Eux”, volontiers considérés comme barbares et terroristes, et “Nous”, volontiers considérés comme “civilisés” et pacificateurs, est présentée comme une faille irréductible, un véritable clash entre civilisations. Nous en sommes là aujourd'hui, au temps de la colère qui enfle, qui gronde et qui prépare pour certains une inévitable explosion.

La troisième source de la colère qui caractérise notre temps, tient à un sentiment diffus de peur, propagée notamment par le terrorisme. Les sociétés européennes se sentent vulnérables, en particulier depuis le 11 septembre 2001, qui s'est prolongé par la campagne d'attaques terroristes à Madrid puis à Londres. Le sentiment réel d'une menace venue des “musulmans” en général et des groupes djihadistes en particulier, s'est largement diffusé dans l'opinion. Le terrorisme, qui frappe à l'aveugle les populations civiles, apparaît comme la forme contemporaine du tragique, ce “surprenant par essence” qui peut tout dévaster en un instant. Il nourrit une profonde inquiétude en chacun, qui peut soudain devenir une cible, et suscite une colère grandissante contre les populations arabes et musulmanes vivant en Europe, considérées comme d'éventuels complices de tels actes. Rien ne peut justifier le terrorisme et Camus a écrit à cet égard des pages admirables qui peuvent toujours nous servir de bréviaire . Le combat résolu contre les acteurs du terrorisme djihadiste ne devrait toutefois pas s'accompagner du glissement actuel des opinions et des amalgames de plus en plus nombreux qui s'opèrent, sans parler des contrôles au faciès et des remises en cause de l'État de droit… Les esprits sont désormais préparés en Europe pour des actions brutales, aveugles et indistinctes contre les populations arabes et musulmanes, allant bien au-delà des “ratonnades” des groupes d'extrême droite.

L'animalisation de l'Autre, prélude qui légitime le passage à l'acte, a commencé dans les opinions, désormais mobilisées par des mouvements populistes européens d'inspiration néo-fasciste, en France, en Italie, aux Pays-Bas, au Danemark ou en Allemagne… qui se rassemblent “contre l'islamisation de l'Europe”.

Le respect des libertés publiques, de la liberté de penser, de croire ou de ne pas croire, de dessiner ou de caricaturer Jésus, Yahvé ou Mahomet, dans des sociétés européennes sécularisées n'est évidemment pas négociable. Le combat pour la démocratie et la défense des libertés est loin d'être achevé, il est toujours d'une brûlante actualité. Mais cette exigence, indispensable, ne saurait se confondre avec l'amalgame grossier du “fascislamisme”, fabriqué par les intellectuels néo-conservateurs à l'européenne ! Il suffit de prêter l'oreille et d'écouter ce qui est dit bien tranquillement aujourd'hui comme bêtises haineuses, comme essentialismes réducteurs et comme approximations malveillantes sur le monde arabe et sur l'islam en faisant un simple petit exercice linguistique : remplacer par Juifs et judaïsme chaque fois qu'il est question d'Arabes, de musulmans et d'islam. La petite musique entendue devrait alors rappeler certains discours des années 30, forme d'opinion commune, de doxa largement répandue et acceptée comme allant de soi. Or, ce sont d'abord dans les mots que se joue la guerre et que s'énonce un possible désir de guerre. Les intellectuels et les journalistes ont à cet égard une responsabilité particulière dans l'usage qu'ils font des mots et dans la diffusion que cela entraîne dans les médias.

Le temps de la colère, d'une colère profonde et multiforme, d'une possible confrontation entre l'Europe et l'Islam est devant nos yeux. Que faisons-nous pour y répondre ? Certaines initiatives politiques ou constructions institutionnelles, comme le partenariat euro- méditerranéen, lancé à Barcelone en 1995, ou l'Union pour la Méditerranée, lancée à Paris en juillet 2008 par Nicolas Sarkozy, se veulent des projets mobilisateurs et des cadres nouveaux pour les relations internationales. Mais ces dispositifs politico-institutionnels sont-ils à la hauteur des enjeux ? Il semble que nous soyons plutôt entrés dans le temps des illusions…


Le temps des illusions


La conférence de Barcelone en 1995, qui a fondé le partenariat euro-méditerranéen, est née dans le sillage de la Conférence de Madrid, suite à la guerre du Golfe et aux perceptions de “deux poids deux mesures” apparues après l'intervention militaire de la coalition occidentale contre l'occupation du Koweït par l'Irak. Il s'agissait de redonner une forme de crédibilité à la “communauté internationale” et, pour l'Europe, de contribuer à l'illusion d'un “nouvel ordre international”. Après la chute du mur de Berlin et une politique active à l'Est, il convenait de prêter une réelle attention à nos voisins du Sud, d'autant plus que des pays comme l'Algérie étaient en pleine guerre civile et que l'islamisme trouvait un écho grandissant dans les sociétés de la rive sud de la Méditerranée.

Où en sommes-nous, treize ans après le lancement du processus de Barcelone, piloté par la Commission européenne ? Il ne s'agit pas ici d'établir un bilan détaillé du partenariat euro- méditerranéen, qui a été établi par ailleurs , mais de prendre la mesure de ses effets et d'interroger ses objectifs comme sa méthode.

Il serait injuste de dire que rien n'a été fait, notamment sur le plan économique, même si on est encore bien loin de l'objectif affiché à l'horizon 2010 d'une zone de libre-échange entre l'Union européenne et les pays partenaires. Mais cet objectif de “mise à niveau” des économies du Sud et de libre-échange est-il d'ailleurs si juste et pertinent, d'autant plus que les produits agricoles en sont exclus ?

Une politique de cohésion régionale et de “fonds structurels”, comme cela a été réalisé au sein de l'Union européenne n'aurait-elle pas été bien plus appropriée aux défis et aux enjeux méditerranéens ?
Le volet politique et sécurité du processus de Barcelone est quant à lui resté largement lettre morte. Pas de pacte ni de charte de stabilité, pas vraiment de climat de confiance, en raison notamment de l'échec des accords de paix entre Israël et ses voisins arabes. La poussée de la violence terroriste a en outre renforcé les exigences d'une politique strictement sécuritaire qui n'a pas su prendre en compte les défis politiques de l'heure.

Quant au volet “social, culturel et humain”, il a certes inspiré quelques initiatives sectorielles et permis la concrétisation d'un certain nombre de projets ponctuels, mais là encore on est bien loin d'une politique à la hauteur des enjeux. Le plus bel exemple de cette politique de masque, d'enrobage institutionnel qui sert à entretenir l'illusion, est le lancement de la “Fondation Anna Lindh pour le dialogue entre les cultures et les civilisations”. Combien de réunions ministérielles, de rencontres entre ambassadeurs, de déclarations officielles et de propos lénifiants sur le “dialogue des cultures” pour créer un outil aussi dépourvu de moyens, notamment financiers ? 5 millions d'euros sur trois ans, de la part de la Commission européenne auxquels s'ajoutent 3 à 4 millions d'euros des différents pays, qu'est ce que cela pèse à l'échelle des 37 pays du partenariat euro-méditerranéen ?… C'est à peu près le montant de ce que dépense la seule Catalogne pour ses projets méditerranéens ! Croit-on vraiment changer la donne et déplacer les lignes du manque de compréhension entre les cultures d'une rive à l'autre de la Méditerranée avec des moyens aussi ridicules ? S'agiter sur la scène médiatique internationale, prendre d'aussi vastes que vaines résolutions, peut permettre un moment d'occuper le terrain, mais pense t-on vraiment faire illusion longtemps avec de telles initiatives ?
Certes la Fondation Anna Lindh a permis la structuration d'un certain nombre de réseaux nationaux, issus de la société civile, et c'est sans doute là sa grande réussite. Mais il serait grand temps de sortir de l'incantation sur le dialogue des cultures et des civilisations en Méditerranée, nouvelle langue de bois institutionnelle qui fait écran et empêche d'aller au cœur des choses. Loin des faux consensus, il s'agit de réintroduire de la pensée, de la recherche, de la critique et donc du débat et de la controverse dans les échanges culturels et intellectuels entre les deux rives de la Méditerranée. Il y a là une véritable priorité : nommer les désaccords, identifier les incompréhensions, faire se parler ceux qui ne s'écoutent pas, si l'on veut avoir une chance de sortir du temps des illusions qui a caractérisé jusqu'ici le partenariat euro-méditerranéen.

L'autre grande illusion de ce partenariat euro-méditerranéen tient à ce qu'il est largement resté un partenariat sans partenaires. La plus belle illustration politique à ce sujet a été sans doute la conférence qui devait célébrer à Barcelone en 2005 les dix ans du partenariat, avec une rencontre au sommet des chefs d'États. Or que s'est-il passé ? Quasiment aucun chef d'État et de gouvernement arabe n'est alors venu à Barcelone… N'y avait-il pas là un signe éloquent de défaillance et un moment où les masques tombent ? Le temps des illusions du partenariat euro-méditerranéen a néanmoins pu se prolonger, comme si de rien était, véritable “canard sans tête” qui continue à courir sans trop savoir où aller !

Ni la méthode ni les objectifs du processus de Barcelone n'ont été alors remis en questions. Il y a là deux problèmes majeurs qui restent en suspens.

Du point de vue de la méthode, de la gouvernance politique, l'essentiel se décide à Bruxelles et entre représentants des pays de l'UE. Les pays partenaires du Sud et de l'Est de la Méditerranée sont là pour avaliser une politique qu'ils n'ont pas vraiment définie. Nous en sommes encore à l'octroi, dans une posture néo-coloniale où le Nord décide ce qui est bon pour le Sud ! Il est vrai que nous avons d'un côté une Union pleinement constituée et de l'autre un ensemble de pays largement divisés qui ne parvient pas à définir de position commune. Le rapport de forces est donc largement déséquilibré et le partenariat se révèle être un mot-valise qui sert à masquer l'imposition, plus ou moins consentie, d'une politique, ce qui en d'autres termes s'appelle une hégémonie. Or, comme l'avait fort bien analysé Raymond Aron, il ne s'agit là que d'une “modalité précaire de l'équilibre”…

Du point de vue des objectifs, on peut également s'interroger : quelle est la visée du processus de Barcelone ? Qu'y a t-il au bout de ce partenariat, que permet t-il d'atteindre sinon sa propre perpétuation, étant donné qu'il n'existe pas, à la différence des pays de l'Est, de perspective politique d'adhésion à l'Union européenne ? Il y a là une forme d'illusion qui a été auto- entretenue et qui ne peut que renforcer le scepticisme vis-à-vis d'une politique sans horizon. Il n'y a pas de dessein dans le partenariat euro-méditerranéen, il s'agit plutôt d'une politique d'ajustement de circonstance qui peut très bien être confondue avec un “machin” où se négocient des financements plus ou moins réguliers. Qui peut croire en un guichet, où l'on ne détient même pas le double des clefs de la banque ?...
Le processus de Barcelone peut se prolonger, longtemps, ce n'est en tout cas pas lui qui changera véritablement la donne des relations entre Europe et Méditerranée et qui pourra, d'une façon ou d'une autre, transcender la colère qui s'accumule entre les deux rives.

Le projet d'Union de la Méditerranée, lancé par Nicolas Sarkozy lors de la campagne présidentielle française au printemps 2007, avait quant à lui une tout autre ambition. La perspective politique était au moins d'emblée clairement affichée.

Le projet comportait néanmoins dès sa création un certain nombre de lignes de faille, historique, politique, humaine ou culturelle, décryptées par ailleurs et sur lesquelles il ne s'agit pas ici de revenir.

Ambigu, mal ficelé et mal négocié, le projet de Nicolas Sarkozy s'est transformé au fil des discussions avec nos partenaires européens, et singulièrement avec l'Allemagne d'Angela Merkel, en un projet d'Union pour la Méditerranée (UPM). Or ce passage d'une “Union de”, qui prend la Méditerranée pour centre, à une “Union pour…” qui renoue avec une politique d'octroi du Nord vers le Sud, est un réel renoncement politique. Ainsi la seule idée véritablement originale du projet Sarkozy/Guaino a été en fin de compte perdue en chemin…

Il aurait fallu, il est vrai, négocier autrement avec la Commission européenne et l'impliquer directement dès le lancement de cette approche originale, envisager par exemple une politique de coopération renforcée qui garde la Méditerranée comme centre mais qui s'ouvre à tous les États membres de l'Union européenne.

Or, la démarche française a consisté plutôt à tenter de contourner la Commission pour ensuite se rallier à ses positions et à inscrire son projet sous une double appellation, qui ressemble un peu au mariage de la carpe et du lapin : “Processus de Barcelone, Union pour la Méditerranée”.
La tenue du Sommet de Paris, en juillet 2008, est certes un succès diplomatique, compte tenu notamment du nombre de chefs d'États et de gouvernements qui y ont participé. Mais au-delà de l'aspect photographique de ce coup ponctuel et médiatique, qu'est-ce qui peut véritablement naître à partir d'une telle rencontre?

Á regarder les conclusions de ce sommet on a un peu l'impression d'une montagne qui accouche d'une souris ! Une stratégie méditerranéenne consisterait à articuler des objectifs ambitieux avec des moyens conséquents. Or, il n'en est rien après le sommet de Paris. Faut-il vraiment réunir des chefs d'États pour décider de la dépollution de la Méditerranée ou d'autoroutes de la mer ? Cela fait penser à de la diplomatie spectacle où l'on se préoccupe assez peu de la consistance des activités qui peuvent naître à partir d'une rencontre politique au plus haut niveau. Certains diront qu'il ne s'agit là que d'un premier acte de lancement et qu'à partir de la réunion des ministres des Affaires étrangères du mois de novembre 2008 à Marseille, une nouvelle donne va véritablement voir le jour… Pourquoi ne pas en accepter l'augure ? Mais il convient d'être circonspect et un tant soi peu lucide et clairvoyant face à cet art de l'illusion dans lequel la diplomatie de Nicolas Sarkozy est passée maître, comme en témoigne notamment la véritable histoire de la libération des infirmières bulgares de Libye , ou l'opération médiatique montée autour de la libération d'Ingrid Betancourt, dans laquelle la diplomatie française n'a semble t-il joué qu'un rôle mineur…

Où sont les initiatives fortes, les projets consistants et les financements conséquents pour rendre l'Union pour la Méditerranée véritablement crédible ?

Ce qui se joue en ce moment entre l'Europe et la Méditerranée est tellement déterminant, compte tenu de la colère qui monte, qu'il n'est pas possible de se payer de mots et de consentir, une fois encore, au temps de l'illusion. L'heure est grave, le désir de guerre fait son chemin, les discours apocalyptiques trouvent de plus en plus d'échos dans les mentalités …
Faut-il pour autant démissionner, renoncer à tenter d'infléchir le cours des choses ? Des signes d'espoir existent, ne les laissons pas se perdre en chemin…


Le temps de l'espoir


“Vous avez parlé tout à l'heure de l'espoir : les hommes unis à la fois par l'espoir et par l'action accèdent, comme les hommes unis par l'amour, à des domaines auxquels ils n'accèderaient pas seuls.” André Malraux

Le temps est venu de résister à l'esprit du temps, qui est un temps du mépris et un temps du cynisme. Un temps du renoncement où rien ne paraît possible. Un temps du nihilisme où l'Homme ne compte pour rien et où le glissement vers le désir de guerre semble advenir comme une force inéluctable.

Nous avons bien peu d'armes entre nos mains pour nous y opposer. Le slogan qui résume tous les fascismes : “Á mort l'intelligence, viva la muerte !” prononcé par le général Milan Astray au moment de la guerre d'Espagne, nous donne au moins un cap : que vive l'intelligence et vive la vie !

C'est un ressort possible, une source d'inspiration pour inventer l'avenir, un élan à partir duquel il est possible de vaincre la peur et de donner espoir. Mais nous ne pouvons pas en rester là, ce serait un peu trop court et incantatoire.

Le temps n'est plus à l'illusion lyrique ou à une vague utopie sans lendemain. Ce n'est pas d'un non lieu dont nous avons aujourd'hui le plus besoin mais bien d'un lieu à partir duquel courber le temps. Ne pas laisser filer, laisser faire après de grandes déclarations, mais agir au plus près et au plus loin…
L'expérience européenne du tragique au xxe siècle, avec son cortège de morts, de violences et de destructions, ne nous permet plus de penser avec Jean Jaurès que le Mal absolu n'existe pas, que l'histoire de l'humanité ne basculera pas dans le tragique . Elle y a déjà basculé et la destruction des Juifs d'Europe en est la plus terrible illustration. Mais nous savons que l'histoire des génocides ne s'est pas arrêtée là, que le Cambodge, la Bosnie ou le Rwanda ont bien eu lieu et que le “plus jamais ça !” est un slogan sans conséquence.

Ce n'est donc pas dans un esprit “d'insurrection optimiste”, dont Madeleine Rebérioux parlait volontiers à propos de la philosophie de Jaurès, mais plutôt dans un “optimisme tragique” dont Camus parlait à propos de la pensée en actes de René Char, que nous nous inscrirons pour tenter d'imaginer et, qui sait, peut-être de bâtir une Communauté méditerranéenne…
Á quoi bon ?

L'espoir peut sembler vain et l'agitation sans effet. Pourquoi vouloir créer une Communauté méditerranéenne ? Il serait si aisé de laisser les choses suivre leur cours… La réflexion de Jean Monnet à Alger, dès 1943, à propos de la construction européenne était claire : comment rendre la guerre impossible entre la France et l'Allemagne ? De ce point de vue au moins, l'objectif européen a été atteint.

Une telle approche peut-elle être transposée à la Méditerranée du xxie siècle et aux relations entre l'Europe et l'Islam ?

La dissymétrie est profonde entre des relations construites autour d'États-Nations, à l'échelle d'un continent, et des relations entre deux grands ensembles culturels, politiques et religieux autour d'une mer qui relie et qui en même temps sépare plusieurs mondes…

La méthode d'action ne pourra donc être que différente, même si l'exigence jadis formulée par Jean Monnet dans ses Mémoires : “Amener l'esprit des hommes jusqu'au point où leurs intérêts convergent, ce point existe toujours, il suffit de se fatiguer pour le trouver”, n'est pas dénuée d'intérêts, justement, pour rapprocher les deux rives de la Méditerranée. Quant à l'objectif de rendre la guerre impossible, c'est bien un horizon à dessiner et un espoir à forger.

Par quels chemins ? Ce qui peut être tracé est singulier et ne peut se contenter des déclarations d'intention, assez vagues et des propositions, volontiers technocratiques, avancées lors du Sommet de Paris de l'UPM.

L'idée de Communauté est plus juste et plus forte que celle d'Union car elle repose sur un sens commun, sur la quête d'un monde de significations communes et sur une valeur de fraternité fondatrice d'une aventure humaine partagée. Ce ne sont pas de simples arrangements de circonstance qu'il s'agit de fabriquer mais bien un projet historique commun qu'il s'agit d'imaginer, où chacun pourrait se retrouver, sur un pied d'égalité et dans la réciprocité des droits et des devoirs.

L'idée d'une Communauté méditerranéenne n'a de sens que si elle s'inscrit résolument dans un horizon post colonial. Toutes les leçons du colonialisme n'ont en effet pas encore été tirées et c'est ce poids du passé qui entrave encore très largement notre imaginaire politique et historique. Il s'agit d'en sortir par un devoir d'histoire, par un travail de mémoire et par une politique active de la reconnaissance de ce qui fut. On n'oublie rien en Méditerranée, le poids du passé est toujours là, parmi ces vieilles civilisations qui se sont beaucoup affrontées à travers l'histoire.

L'héritage colonial n'a pas encore été soldé entre une rive et l'autre de la Méditerranée, il nourrit toujours des incompréhensions, des ressentiments et une forme de colère qui brouillent l'instauration de véritables relations de confiance. Il convient d'en sortir, de métamorphoser cet héritage du passé pour s'inscrire dans une mémoire d'avenir. La France et l'Allemagne ont su travailler sur leur passé douloureux, et des historiens des deux pays sont même parvenus à écrire des manuels en commun. Pourquoi cela ne serait-il pas réalisable entre pays colonisateurs et pays colonisés, entre les deux rives de la Méditerranée ? Encore faut-il le vouloir, s'y atteler et s'en donner les moyens.

La question du passé colonial ne pourra en tout cas pas être évitée ou contournée si nous voulons bâtir une Communauté méditerranéenne qui soit sincère et durable.

C'est la meilleure façon de prendre le contre-pied d'un projet euro-méditerranéen largement conçu jusqu'ici sous un mode hégémonique et euro-centré. Il y a en effet toute une posture intellectuelle à bouleverser, à renverser et à décentrer, or nous en sommes encore bien loin aujourd'hui. Wolf Lepenies, dans sa leçon inaugurale du Collège de France observait fort justement :
“Le temps des utopies est révolu, mais nous n'avons plus le droit de chercher refuge dans la mélancolie. Y a-t-il une tradition des Lumières qui ne soit pas eurocentrique ? Je crois que bien des choses vont dépendre des réponses que nous apporterons à cette question. Je crois à la nécessité, après la fin de la post-modernité, de penser encore une fois les Lumières et de réfléchir à la possibilité, sur notre vieux continent, d'une politique de l'esprit qui ne vise pas à ordonner à des fins européennes le reste du monde. ”

Cette “politique de l'esprit qui ne vise pas à ordonner à des fins européennes le reste du monde” est exactement ce qu'il s'agit de rendre possible à propos de la Méditerranée et en Méditerranée. Or, il faut pour cela des lieux de savoir, de recherche et de création, des lieux autonomes de pensée critique, de nouvelles formes “d'instituts d'études avancées” reliés entre eux dans une constellation originale des savoirs. L'acte inaugural d'une “politique de l'esprit” qui ne serait pas eurocentrique passe par la création de tels lieux. Il ne s'agit sans doute que de la “flamme d'une chandelle” comme l'écrivait René Char dans son maquis de Céreste, de petits foyers lumineux qui peuvent éclairer notre temps, pour que vive l'intelligence et se créent des relations d'un autre type en Méditerranée. Mais ce sont souvent à partir de tels lieux, véritables noyaux durs, que s'invente le monde de demain. Pensons à ce qu'a pu être hier, pour l'Allemagne et pour l'Europe des arts et de la création, l'école du Bauhaus, et rêvons de ce que pourrait être demain une forme originale de “Bauhaus méditerranéen”… Il ne s'agit certes que d'un exemple de lieu de savoir à imaginer, auquel pourrait se conjuguer des lieux de traduction entre les langues et les cultures de la Méditerranée. Il existe en effet un immense besoin d'interconnaissance, de traversée des frontières linguistiques et culturelles qui permettrait de sortir des enclavements intellectuels et des “identités meurtrières” si dangereuses pour nous aujourd'hui. Un large programme Averroès, à l'image du programme Erasmus de circulation des étudiants, pourrait également amorcer des relations nouvelles, favoriser les échanges et permettre par l'apprentissage de l'Autre de sortir des clichés.

N'existe-t-il pas, à partir de ces différents domaines, quelques bonnes raisons d'espérer ? Pourquoi ne pas prendre l'initiative et coaliser des forces face à l'obscurantisme qui vient et à la peur qui monte ? Il existe, dans l'histoire des hommes, une énergie destructrice, mais il existe aussi une énergie créatrice qui est trop souvent sous-estimée.

De telles initiatives ne sont pas très coûteuses, comparées au prix d'un avion de chasse ou d'un char de combat… Ce ne sont là que les premiers pas, les premiers actes, les premiers lieux d'une grande initiative méditerranéenne pour la culture, la recherche et la création, dont nos responsables politiques tardent à prendre la mesure. Commençons par les devancer, ils finiront peut-être un jour par rattraper le mouvement car, comme l'écrivait si justement Spinoza, “le pouvoir d'être affecté se présente comme puissance d'agir”…
Croit-on sérieusement que l'on pourra sortir du temps de la colère uniquement à partir d'une politique sécuritaire et anti-terroriste ?
Les bases nécessaires à la constitution d'une Communauté méditerranéenne sont d'abord intellectuelles et culturelles, forgées à partir d'une pensée critique et d'un regard décentré, car c'est là où se cristallisent les incompréhensions et où en même temps peut naître l'espoir de relations nouvelles entre l'Europe et l'Islam.

Mais c'est tout autant une aventure humaine, fondée notamment sur la mobilité des personnes, une exigence politique, fondée notamment sur la défense des libertés publiques et le respect du droit international, un autre rapport à la justice et au partage, sur lequel pourrait se fonder un ensemble de politiques sectorielles et structurelles définies en commun, susceptible de changer la donne sur le plan économique et social.

L'idée n'est pas d'établir ici un catalogue de projets et de préciser les modalités pratiques de leur mise en œuvre. Un mémorandum, “Pour une Communauté méditerranéenne”, pourra voir le jour ultérieurement. Il s'agit pour commencer de fixer le cap, d'établir des principes, d'ouvrir les premiers chemins et de hiérarchiser des priorités.

Priorité à l'intelligence, pour lutter contre l'obscurantisme.

Priorité à la mobilité, pour répondre aux besoins d'échanges et conforter le “rendez-vous des civilisations ” qui apparaît sur le plan démographique, comme l'ont très bien vu Emmanuel Todd et Youssef Courbage.

Priorité à la défense des libertés, pour aider à la sortie des dictatures et de l'enfermement des sociétés.

Priorité au respect du droit sur une politique de la force, pour lutter efficacement contre le terrorisme et instaurer des relations justes face aux occupations territoriales.

Priorité à l'imagination, face à toutes les routines et aux bureaucraties qui emprisonnent.

Priorité au goût de la vie, face au viva la muerte qui se propage.

Priorité à la paix, face au désir de guerre qui monte et qui enfle.

Priorité à une alternative méditerranéenne, face à la démesure du capitalisme mondialisé qui ne respecte plus rien, pas même la beauté de la terre ou de la mer qui nous rassemble.

La constitution d'une Communauté méditerranéenne est une belle aventure humaine pour les vingt ans à venir. Il y a là un projet, un dessein pour toute une génération politique qui se cherche un rôle dans l'histoire. L'accomplissement d'une République européenne, conjuguée à la constitution d'une Communauté méditerranéenne, serait un signe, une trace et un espoir à l'échelle internationale.

Devrons-nous construire sur les décombres ou aurons-nous le temps de donner à la paix une chance et une architecture pour le xxie siècle ? Le temps de l'espoir n'est pas vain. C'est ce qui est, pour un moment encore, entre nos mains. Romain Gary appelait cela, “la marge humaine ”…

« Désirs de guerre… Espoirs de paix ». Editorial
La pensée de midi N°26 (Actes Sud, 2008)



Thierry Fabre est rédacteur en chef de la Pensée du Midi

http://www.lapenseedemidi.org

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