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par Marianne Ranke-Cormier, le mercredi 24 septembre 2008

Les Autrichiens sont appelés aux urnes à la fin de ce mois. Le gouvernement précédent, une coalition droite/gauche élue même pas deux ans plus tôt, a conduit de crises en affaires le régime droit dans le mur, au délitement des partis politiques traditionnels, à tel point que l'on s'interroge même sur l'avenir de la seconde république autrichienne. Faut-il sauver l'Autriche?


Mon parti: celui de l'abstention!

Pendant tout l'été le début de campagne s'est étiré dans l'indifférence générale des électeurs. Aujourd'hui ceux-ci ne sont pas plus décidés, malgré les gesticulations télévisuelles qui se multiplient et les tentatives de faire monter le débat, l'ambiance est morose, personne ne peut prédire les résultats des urnes. Une seule crainte cependant, et sans doute une certitude malheureusement: la très forte abstention qui se profile à l'horizon de ces élections, non pas parce que les gens s'en fichent, mais bien parce qu'ils ne savent pas pour qui, pour quoi voter dans une semaine!

Dans les brasseries autour des bières on discute bien des prestations des uns et des autres. L'absence de Faymann au dernier débat télévisé, l'ambition non contenue de Molterer, "je veux être chancelier à la place du chancelier", le refrain sempiternel de Haider sur sa Carinthie, celui de Strache sur les immigrés, mais on parie surtout sur le parti qui sortira vainqueur à ses élections: le parti des abstentions ou des votes blancs. Mais ce n'est pas comme çà qu'on fait avancer une démocratie...

Cela laisse surtout la porte ouverte non pas à un, mais à deux partis populistes, car BZÖ avec Haider ou FPÖ avec Strache, la ligne de démarcation n'est qu'une question de réglement de comptes personnels (les affiches de la campagne de Strache le prouvent bien "Strache heisst Strache - Haider heisst Stadler" - Strache c'est Strache, Haider c'est Stadler (par rapport aux finacements des campagnes) ...), le reste joue sur les mêmes thèmes démagogiques, nationalistes et racistes.

D'autant plus que la parti conservateur caresse son aile droite et se permet à 10 jours des échéances électorales de diviulguer via le ministère de l'Intérieur (dont le poste est détenu par Maria Fekter, ÖVP) son rapport sur la montée de l'intégrisme islamique en Autriche... Belle coïncidence.[1]

Dire que ce sera aussi la première fois que 200.000 jeunes de 16 ans vont voter!

Les sursauts du Parlement et ses paquets surprises

Mais dans ces derniers jours qui restent, l'électeur autrichien ne manquera pas de "surprises", comme qualifie Molterer les paquets fiscaux et sociaux proposés dans une cacophonie de coalitions parlementaires les plus inattendues et colorées (les Autrichiens adorent donner de la couleur politique) les unes que les autres.

Le Parlement à deux courtes semaines de sa fin de législature vient de faire ce que tout Parlement se doit de faire et ce qu'il aurait dû faire au cours de ces deux années de non-gouvernance, c'est à dire expédier toute une série de propositions de lois, soit environ 80! qui vont de la baisse de la TVA, nouvelles prestations sociales, transport... aux plus débattues dans le cadre même de la campagne électorale: suppression des droits d'inscription universitaires, proposition de loi sur l'aide à domicile des personnes âgées, et modification constitutionnelle sur l'organisation de référendums sur les traités réformateurs européens! une décision qui a rassemblé BZÖ, FPÖ et SPÖ. Un héritage hétéroclite et explosif pour les successeurs... une façon de tuer le débat dans l'oeuf ou de couper l'herbe sous les pieds de certains prétendants au trône, un incroyable dysfonctionnement de l'institution elle-même.[2]

Rettet Österreich...

Une des blagues qui court serait que la Carinthie s'est retrouvée dans l'Autriche parce qu'elle pensait annexer le pays... C'est d'ailleurs un peu ce qui s'était produit quand Haider s'est retrouvé au gouvernement... Une erreur de parcours que les Autrichiens ont corrigé en lui mettant Strache dans les pattes. La Carinthie n'est pas la seule à revendiquer un régionalisme exacerbé. Il y a également la délicate situation du Tirol dont Fritz Dinkhauser, un autre Haider, tente de tirer parti, mais de là à avoir une vocation nationale... L'Autriche est le parfait exemple de ce qu'est l'Europe politique dirigée par des partis nationaux. On retrouve à tous les niveaux les mêmes partis, les mêmes structures, les mêmes hommes et femmes avec des parcours régionaux, qui tentent d'appliquer leurs enseignements à la politique nationale, et qui ensuite se retrouvent dans une troisième dimension européenne. Pas étonnant que le système ne fonctionne plus.

Seuls 10 partis politiques sont en lice pour les élections nationales. Aucune révolution donc dans le paysage politique, on y retrouve tous les barrons, campés sur leurs positions, sans aucune alternative véritable. Si le SPÖ a voulu se démarquer de ses petits camarades en lançant l'initiative référendaire sur tous les traités européens (avec révision constitutionnelle à la clé) ce n'est pas l'Europe qui est en débat mais l'Autriche, et seulement l'Autriche.

Si on peut donner crédit à la démarche du SPÖ (qui a coûté d'ailleurs l'éclatement de la coalition) de se révéler une démarche démocratique et d'un appel à l'élargissement du débat national sur les thématiques européennes, les stratégies du BZÖ et du FPÖ au contraire ferment tout débat Pour Strache il s'agit de défendre l'identité autrichienne face aux traitres européens ("Volksvertreter statt EU-Verräter"), une idée reprise du projet politique de Haider.

Loin d'une conception ultra-nationaliste, mais sans doute tenté de surfer sur certaines vagues démago, le SPÖ s'est laissé déborder par le FPÖ, et le BZÖ. D'une part Strache a proclamé haut et fort la paternité de cette idée de référendum sur les principales décisions européennes, et Strache est à l'heure actuel bien plus médiatisé que Faymann. Une situation qui bien entendu conduit le SPÖ à une nouvelle crise interne sur le slogan "un pacte Strache-Faymann, non merci" et qui risque de remettre en question le vote parlementaire, sur la proposition qui a été adoptée dans le train des 80 mesures la semaine dernière. D'autre part parce que le SPÖ n'a pas osé aller trop loin, il s'est enferré dans une vision strictement nationale du débat. Ce n'est pas par rapport à une démocratie européenne que le parti pousse à la révision constitutionnelle, mais par rapport à la démocratie en Autriche. L'Europe il s'en fiche.

Et en Europe? Car après tout l'Autriche fait partie de cette Union et à l'heure où le gohta politique français décide de supprimer constitutionnellement toute consultation citoyenne sur l'avenir européen, les députés autrichiens eux lancent le train en sens inverse. Le pire c'est qu'en Europe cette décision n'a fait réagir personne. Si le camp des Nonistes peut se réjouir, le silence du camp des Ouiouistes est éloquent sur l'idée qu'ils ont du futur européen...

"Rettet Österreich" un message pas du tout européen, mais qui refuse le délitement de l'Autriche sous la coupe d'une anti-démocratie européenne, celle du traité de Lisbonne, celle des OGM, de l'engagement militaire (l'Autriche est encore un des rares pays neutres), celle de la bureaucratie, celle de l'appauvrissement et de l'asservissement des peuples. "Rettet Österreich" ou comment sauver l'Autriche en refusant une certaine Europe ?[3]



Même si les sondages donnent le ÖVP et Molterer en pool-position, suivi par le SPÖ et Die Grünen, avec cette masse d'indécis, de "ne se sont pas encore prononcés", "ne savent pas pour qui voter" et ceux qui ne répondent pas (une petite poignée de 20%), tous les enjeux sont encore ouverts y compris les compromis et les coalitions. Reste à savoir donc, comment les électeurs entendent sauver leur pays... Et la surprise peut-être de toutes les couleurs.



Marianne Ranke-Cormier est membre du comité de rédaction de Newropeans Magazine

http://www.newropeans-magazine.org

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