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par Jean-Sylvestre Mongrenier, le lundi 08 septembre 2008

Le 1er septembre 2008, les pays membres de l'UE sont parvenus à faire front contre Moscou, déjouant les pronostics les plus pessimistes. Les Vingt-Sept ont reporté la renégociation de leur improbable partenariat avec la Russie. Si cette dernière maintenait la même posture diplomatique et militaire, il faudrait alors prendre des sanctions dans un cadre européen. Dans les jours qui ont suivi, du 3 au 5 septembre, le vice-président des Etats-Unis s'est rendu dans les pays les plus menacés par la politique russe. De Bakou à Kiev, en passant par Tbilissi, Dick Cheney a clairement signifié la dimension transatlantique des enjeux de sécurité du Caucase-Sud.


La manipulation par Moscou des conflits sud-caucasiens, les provocations réitérées à l'encontre de la Géorgie et la guerre qui a suivi auront mis fin à l'ambivalence de la posture géopolitique russe. Animés par une volonté de puissance un temps masquée par leur soif de richesses, les hommes qui dirigent la Russie voient en la dislocation de l'URSS une « catastrophe géopolitique » (Vladimir Poutine). A l'intérieur de la Russie, l'autoritarisme du duumvirat Poutine-Medvedev, avec pour base socio-politique les « silovikis », est censé conférer les ressources nécessaires à leur politique de puissance. Voire. Il est plus aisé de prélever des richesses que de les créer et les hommes au pouvoir qui se disputent le contrôle des ressources ne sont pas là de se muer en entrepreneurs à la Schumpeter. On remarquera que les mâles déclarations des dirigeants russes vont de pair avec d'importantes sorties de capitaux et c'est à la « main invisible » des marchés financiers qu'il revient d'appliquer des sanctions .

Sur le plan extérieur, l'objectif semble être de reconstituer dans l'« étranger proche » une forme d'Union soviétique ou plus exactement une union eurasiatique, militairement et énergétiquement intégrée, qui couvrirait la plus grande partie des territoires autrefois soviétiques. Aussi le Kremlin entend-il interdire à la Géorgie comme à l'Ukraine d'incorporer les instances euro-atlantiques ; les fins politiques et les objectifs stratégiques poursuivis en Géorgie ne sont pas sans rappeler la doctrine dite de souveraineté limitée. Tous les Etats membres de la CEI sont concernés par la version « Poutine » de cette relique soviétique. De ce fait, la Biélorussie elle-même hésite à reconnaître, dans le sillage du Kremlin, l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud. En l'état actuel des choses, les soutiens internationaux de la « Russie-Eurasie » se limitent au Venezuela, au Nicaragua et, dans une certaine mesure, à la Syrie. Rien de bien glorieux, ni de grand-européen.

Nonobstant les risques et menaces qui pèsent sur l'Europe, un petit nombre d'observateurs semble fasciné par le retour de puissance de la Russie. Masochisme de jouisseurs ou espace de fuite pour des esprits soumis à la pression du « politiquement correct » qui sévit dans les sociétés post-héroïques ouest-européennes ? Les « docteurs Subtil » expliquent quant à eux qu'il ne faudrait pas « humilier » l'agresseur. Ils en appellent au « dialogue » et laissent entendre, mezzo voce, que la désintégration territoriale géorgienne serait le prix à payer pour maintenir la coopération russo-occidentale dans d'autres aires géopolitiques. Ainsi la reconnaissance de facto de la domination russe sur l'ensemble de l'espace ex-soviétique serait-elle le prix à payer pour former un front commun dans la crise nucléaire iranienne. Ne voient-ils pas que Moscou saisira toutes les opportunités pour exploiter les litiges entre les Occidentaux et les puissances émergentes d'autres aires de civilisation ? A cet égard, les dirigeants russes semblent matérialiser certaines des thèses eurasistes et les positions internationales prises par Moscou démentent le discours « européen » prononcé par Poutine, le 25 septembre 2001, devant les parlementaires allemands (Discours du Bundestag).

Au vrai, la géopolitique est faite de contrecoups entre des aires spatiales distinctes plus ou moins éloignées et le conflit géorgien n'a pas manqué de retentir en Europe, de la Baltique à la mer Noire. Les pays extérieurs à l'UE et à l'OTAN sont menacés au premier chef. Les dirigeants russes ont indiqué à l'Ukraine qu'ils étaient prêts à user de la force armée pour lui ôter la Crimée et conserver la base navale de Sébastopol, louée à la Russie jusque 2017. Le président ukrainien, Viktor Iouchtchenko, entend quant à lui encadrer la liberté de mouvement des unités navales russes depuis Sébastopol et obtenir leur départ à la date prévue. En Moldavie, Moscou instrumentalise les séparatistes de Transnistrie, appuyés par quelque 1500 soldats russes, pour faire levier sur le gouvernement et contrarier les aspirations occidentales de la population. La « neutralité » et le renoncement à des relations préférentielles avec la Roumanie, comme avec les autres pays de l'UE et de l'OTAN, seraient le prix à payer pour éviter la désintégration territoriale .

L'Ukraine et la Moldavie ne sont pas couvertes par l'article 5 de l'Alliance atlantique et le sort réservé à la Géorgie donne plus de retentissement encore aux rhétoriques bellicistes des dirigeants russes. Faudrait-il donc voir dans les peurs de la « nouvelle Europe » les symptômes d'une psychose propre à ces longitudes ? Dans les années 1990, de bons esprits s'opposaient déjà à l'entrée des pays d'Europe centrale dans l'OTAN et pour ce faire pointaient du doigt leur « hyper-atlantisme », qualifié de « maladie infantile du post-communisme ». Pour juger de l'indécence de tels propos, il suffit de se remémorer le lourd bilan de la domination soviétique en Europe centrale et orientale : les six millions d'Ukrainiens affamés par Staline au début des années 1930 ; le massacre de Katyn, en Pologne, dans la foulée du pacte germano-soviétique ; la déportation du dixième de la population estonienne et la dureté de l'oppression dans l'ensemble des Pays baltes. Et ce n'est là qu'un aperçu. Mais il est vrai qu'il a été impossible de faire voter au sein du Conseil de l'Europe une claire condamnation des crimes du communisme et les dizaines de millions de victimes sont d'ores et déjà largement oubliées.

A l'intérieur même de l'UE et de l'OTAN, diverses nations sont menacées, directement ou indirectement. On songe bien évidemment aux Pays baltes, conquis et annexés par l'URSS lors de la Seconde Guerre mondiale. A leur encontre, les dirigeants russes manient un discours révisionniste susceptible de déboucher sur la remise en cause des frontières. L'Estonie et la Lettonie comptent d'importantes minorités de langue russe (de 30 à 40%) et Moscou pourrait arguer de leur défense pour s'ingérer dans les affaires intérieures de ces nations. Conservons en mémoire les violentes émeutes de l'an passé à Tallin et la « cyberwar » déclenchée par des hackers russes contre les sites Internet estoniens ; ce mode opératoire a été réitéré à l'encontre de la Géorgie. Le pouvoir énergétique de Moscou ouvre d'autres options et ces mêmes pays, Lituanie comprise, ont déjà souffert d'embargos russes sur les exportations d'hydrocarbures. Aussi les Baltes sont-ils particulièrement sensibles à la question de la sécurité énergétique.

En Europe centrale, la Pologne et la République tchèque sont régulièrement l'objet de menaces militaires ouvertes du fait des projets de systèmes antimissiles. Le caractère défensif et les dimensions de ces systèmes ne constituent pourtant pas une menace pour les missiles nucléaires offensifs russes et il faut d'ailleurs se souvenir que la Russie possède elle-même des armes antimissiles, en cours de modernisation. Si Moscou refuse l'extension du bouclier spatial américain aux Européens, c'est pour travailler au découplage stratégique des deux rives de l'Atlantique. En Europe du Nord, le discours russe de la « derjava » (la puissance) et l'affaire géorgienne inquiètent aussi les Etats « non alliés ». La Finlande doit assurer la garde de quelque 1300 km de frontières avec son voisin oriental et la Suède redoute le retour de puissance de la flotte russe en Baltique, au prétexte de protéger le futur gazoduc nord-européen (le North Stream). Ces deux pays s'interrogent sur le sens de leur neutralité dans ce nouveau contexte stratégique et ils coopèrent déjà étroitement avec l'OTAN.

Confrontés aux menaces et agissements de la Russie, les gouvernements européens ne font pas tous preuve du même degré de lucidité. Certes, l'illusion du soft power se dissipe enfin et l'UE est parvenue à faire corps, le 1er septembre 2008, pour soutenir la Géorgie et conditionner la renégociation du « partenariat » avec la Russie au bon respect de l'accord de cessez-le-feu du 12 août (évacuation des troupes russes et retour au statu quo ante). Pourtant, ce front diplomatique est fragile comme l'atteste la dernière réunion des ministres des Affaires étrangères (Avignon, 6 septembre 2008). Si Moscou se refusait à lâcher prise dans le Caucase-Sud et persistait dans son entreprise de contrôle des axes de circulation entre l'Europe et l'Asie centrale, il faudrait bien finir par prendre des sanctions. L'enjeu est d'importance : l'ouverture et la sécurité du corridor énergétique Bakou-Tbilissi conditionnent la diversification des approvisionnements européens.

Si elle ne parvenait pas alors à afficher l'unité et la cohésion nécessaires pour se poser en communauté de destin, l' « Europe » tant invoquée se révèlerait être flatus vocis, simple « émission de voix » : l'UE serait alors menacée de dispersion. Nous n'en sommes pas là mais pour éviter que le pire n'advienne, il faut consolider la posture diplomatique européenne et poser de nouveaux jalons. Le 1er septembre, l'UE a réaffirmé son intérêt pour son hinterland et ses confins géopolitiques. Ses pays membres doivent collectivement renforcer leur présence en mer Noire, dans le cadre d'action « Synergie mer Noire », et développer un vaste « partenariat oriental » dont le lancement pourrait avoir lieu au printemps 2009. Dans l'immédiat, le sommet UE-Ukraine de Paris, le 9 septembre prochain, constitue une étape décisive. La conclusion d'un accord d'association manifesterait le refus d'accorder à la Russie une sphère d'influence exclusive dans l'espace ex-soviétique. L'UE y gagnerait en substance et en crédit, et ce pour le plus grand bien de la communauté de sécurité occidentale.

Dans le basculement des rapports planétaires de puissance, le besoin de rééquilibrer la communauté de sécurité occidentale par l'organisation d'un véritable pilier européen, au côté du pilier nord-américain, se fait cruellement sentir. En l'état actuel des choses, l'UE n'est pourtant pas un véritable acteur global des relations internationales mais un simple Commonwealth paneuropéen dont les liens diplomatiques et militaires demeurent lâches et distendus : les Vingt-Sept ne sont liés par aucune clause de défense mutuelle spécifique et pour vingt-et-un d'entre eux, c'est dans le cadre de l'OTAN qu'ils pensent, conçoivent et organisent la défense de l'Europe. Aussi est-il toujours artificiel de considérer l'UE comme une réalité sui generis, indépendamment des Etats-Unis et de l'OTAN, cette dernière étant la chose commune des nations de l'aire euro-atlantique. Dès lors, l'entrée de la Géorgie et de l'Ukraine dans l'OTAN est aussi une question européenne, une question vitale pour la défense et la sécurité du Continent.

Au final, le conflit russo-géorgien et les prémices d'une nouvelle guerre froide entre la Russie et les Occidentaux illustrent le fait que les configurations géopolitiques ne sont pas réductibles à la tectonique des plaques et aux données géologiques. A l'ouest de l'Europe, l'océan Atlantique ne fait pas rupture et le retour de puissance de la Russie, surestimé par des dirigeants enivrés par les vapeurs d'hydrocarbures et de pétrodollars, met en lumière l'importance des Etats-Unis comme « réassureur ». A l'est de l'Europe, la continuité territoriale avec la Russie et les réseaux de tubes ne sont en rien des gages d'entente et de sécurité. Dans leurs analyses et leurs exercices de prospective, les Européens doivent compter avec une Russie potentiellement menaçante. Le conflit n'est pas fatal mais l'art de la diplomatie ne suffira pas à prévenir le pire : la force, la détermination et la puissance sont d'indispensables stabilisateurs internationaux.

On September 1st, 2008, the EU member states managed to cope with Moscow, frustrating the most pessimistic predictions. The Twenty-Seven postponed the renegotiation of their unlikely partnership with Russia. If that one would maintain the same diplomatic and military posture, it would be necessary to take penalties within a European framework. In the following days, from 3rd to 5th September, the vice-president of the USA visited the countries which are the most threatened by Russia's politics. From Baku to Kiev, through Tbilisi, Dick Cheney clearly meant the transatlantic dimension of these security issues, in South Caucasus.






Jean-Sylvestre Mongrenier est chercheur à l'Institut Français de Géopolitique (Paris VIII) et chercheur associé à l'Institut Thomas More (http://www.institut-thomas-more.org).Spécialisé dans les questions de défense – européenne, atlantique et occidentale - il participe aux travaux du Groupe de réflexion sur la PESD de l'Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE).

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