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par Noëlle Lenoir, le lundi 21 avril 2008

La visite d'Etat du Président de la République française à Londres les 26 et 27 mars 2008 marque-t-elle un tournant dans la politique française, au niveau international, européen et peut-être même national ? Jamais dans l'histoire en tous les cas, un dirigeant français n'avait manifesté une telle adhésion sans restriction au système politique, économique et culturel de notre grand voisin Outre-manche. Peut-on dire dès lors qu'un nouveau couple franco-britannique est né, se substituant au couple légendaire formé entre l'Allemagne et la France sur les décombres de l'après-guerre et dont il était entendu jusqu'ici qu'il avait un rôle moteur pour faire avancer l'Europe ? Cette question fondamentale – et inattendue - est désormais posée. L'avenir apportera


Depuis la fameuse poignée de mains entre le Général de Gaulle et Konrad Adenauer sur le perron de l'Elysée à l'occasion de la signature du traité d'amitié entre la France et l'Allemagne en 1963, il semblait acquis que le « couple franco-allemand » était le moteur de la construction européenne.

Les deux pays sont certes profondément différents sous plus d'un aspect. Dans leur organisation politique d'abord, celle de l'Allemagne reposant sur le fédéralisme et la France demeurant un Etat largement centralisé au régime présidentialiste. La culture et le comportement des Allemands et des Français ne sont pas moins contrastés. J'ai personnellement l'expérience de ces différences au niveau de la prise de décision politique. Le processus concerté en est particulièrement long en Allemagne, mais une fois la décision prise, celle-ci est quasi intangible. En France, comme chacun sait, l'annonce de la décision prend souvent le pas sur son application. Enfin, les physionomies des économies des deux Etats sont dissemblables, l'Allemagne se singularisant par un tissu exceptionnel de PME/PMI lui permettant d'être premier exportateur mondial, et la France pouvant s'enorgueillir d'un nombre particulièrement élevé de champions mondiaux principalement au sein du CAC 40.

Sur la base d'identités contrastées, l'Allemagne et la France partagent cependant une même profonde conviction, à savoir que l'Europe ne peut qu'être politique. (Voir ci-jointe l'interview de Frank Baasner) Ce qui suppose la mise en place d'institutions solides d'inspiration fédérale. Le résultat est là : c'est au couple franco-allemand, sous l'ère Valéry Giscard d'Estaing/Helmut Schmidt, que l'on doit l'institution du Conseil européen. La formidable création de la monnaie unique est le fruit d'un long processus abouti sous le double « règne » de François Mitterrand et d'Helmut Kohl, sans parler des avancées institutionnelles promues conjointement par Jacques Chirac et Gerhard Schröder dans le cadre du traité constitutionnel et qui sont demeurées dans le traité de Lisbonne, telles que la création d'un Haut représentant pour les Affaires étrangères de l'Union ou encore l'intégration dans le traité de la Charte des droits fondamentaux.

Compte tenu de l'euroscepticisme des britanniques - tant l'opinion publique que leurs leaders - entretenu par l'idée que la construction européenne viendrait hypothéquer le « special relationship » entre Londres et Washington, voire même l'intégrité du Commonwealth, nul n'avait imaginé de faire du Royaume-Uni – en lien ou non avec la France – la locomotive de l'Europe. Au fil du temps, ce pays ne s'est-il pas éloigné en effet peu à peu du centre névralgique de l'Europe ? Il reste en dehors de l'eurozone et de l'espace Schengen, et il refuse pour demain de faire appliquer par ses juges la Charte des droits fondamentaux ou encore les réformes de l'espace judiciaire européen. C'est de plus le Royaume Uni qui a demandé et obtenu la suppression dans le traité de Lisbonne de toute mention des symboles de l'Union (le drapeau, l'hymne, la devise…) jusqu'au titre du « Ministre des Affaires étrangères européen » devenu simple « Haut représentant. »

L'offre faite par Nicolas Sarkozy à Gordon Brown de devenir ensemble LA force de proposition internationale et européenne a donc une autre signification que celle de l'approfondissement de l'intégration européenne, principal objectif de la coopération franco-allemande sur le continent. Cette offre, dont les conditions d'acceptation par notre partenaire britannique restent floues, paraît relever d'une vision géostratégique des grands enjeux mondiaux que sont la croissance économique, la défense des valeurs démocratiques, la sécurité d'approvisionnement en matières premières ou encore la protection environnementale de la planète. Elle se détache donc d'une vision proprement européenne.

On en a pour preuve le discours du Président Sarkozy devant les deux chambres réunies du Parlement de Westminster. La terminologie utilisée ne trompe pas. Il s'agit à travers le Royaume-Uni de remercier les « Alliés » de la dernière guerre, et plus particulièrement le « peuple britannique pour ce qu'il a donné au Général de Gaulle et à la France Libre. » Si ce discours insiste tant sur les similitudes entre le Royaume Uni et la France, c'est pour évoquer ce passé face à l'ennemi commun censé être porteur d'une nouvelle alliance face aux ennemis d'aujourd'hui. Le Président a ainsi souligné la même appartenance des deux pays au Conseil de sécurité de l'ONU, leur même engagement militaire à travers le monde (15000 soldats de part et d'autre), leur même caractère de puissance nucléaire et un semblable passé de puissance coloniale. La France et la Grande-Bretagne sont élevées au rang de puissances mondiales du continent européen tandis que la relation franco-allemande – « essentielle, mais non suffisante » – symboliserait avant tout « la réconciliation » fondatrice de l'Europe.

Cette prise de position ne peut qu'avoir des suites sur la marche des institutions européennes, et il y a fort à parier que le « couple franco-britannique » sera mis à l'épreuve par ses 25 partenaires, que ce soit l'Allemagne, bien sûr ou les autres pays, petits ou grands. Il n'est pas possible de prévoir ces conséquences à ce stade. Les sujets évoqués à Londres ont surtout été en effet de dimension bilatérale ou mondiale, et peu européens. En dehors de la confirmation du lancement de la révision de la Politique agricole commune (PAC) sous présidence française à partir de juillet 2008, les thèmes du Sommet franco-britannique qui s'est tenu en parallèle de la visite d'Etat du Président français ont porté sur des accords bilatéraux sur le nucléaire civil, l'armement, l'immigration et l'apprentissage des deux langues. Nicolas Sarkozy a aussi exprimé des idées fortes, notamment devant les représentants de la City, sur la nécessaire régulation des marchés financiers internationaux et sur la non moins nécessaire réformes des organisations financières internationales (FMI, Banque mondiale…)

En définitive, ne faut-il pas essentiellement retenir deux enseignements de cette nouvelle donne franco-britannique de la politique française ? D'une part, il est clair que Nicolas Sarkozy a voulu envoyer un message à l'opinion publique française en marquant de l'admiration pour les réformes menées en Grande-Bretagne, qui font selon lui de ce pays « un benchmark pour la France. » D'autre part, face à des citoyens français dont le moral n'est pas au zénith, il n'est pas inutile de rappeler la puissance de la France, au même titre que celle du Royaume-Uni, dans le monde.

Il n'en reste pas moins que, pour faire l'Europe politique sans laquelle l'Europe finira un jour par s'écrouler, il faudra sans doute et avant tout continuer à compter sur la force motrice des convictions européennes de la France et l'Allemagne et sur la dynamique nouvelle de l'Europe élargie à l'échelle de tout le continent.

Noëlle Lenoir, Paris, le 4 avril 2008, paru sur le site du Cercle des Européens


Noëlle Lenoir, est ancienne ministre déléguées aux Affaires européennes. Elle est présidente de l'Institut d'Europe d'HEC et du Cercle des Européens 

http://www.hec.fr/institut-europe

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