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par Alain Lamassoure, le mercredi 30 décembre 2009

Le résultat final du Sommet de Copenhague sur le climat ne doit pas être jugé par rapport aux attentes hyperboliques suscitées par l'enflure médiatique, mais à l'aune des leçons que l'on peut tirer désormais de cet exercice extrêmement révélateur. Des leçons nullement décourageantes, si on sait les comprendre.


1 – Un tel résultat – des déclarations politiques sans effet contraignant - était prévisible et, d'ailleurs, annoncé, y compris sur ce site. Les deux plus grands « pollueurs » de la planète (au sens de l'émission de CO²) avaient annoncé à l'avance qu'ils ne prendraient aucun engagement contraignant : les Etats-Unis, faute de soutien du Sénat, la Chine, faute de concession des Etats-Unis. Parmi les autres puissances émergentes, l'Inde n'a cessé de répéter qu'elle ne voulait rien faire du tout, et l'attitude du Brésil était d'une habileté ambiguë.

2 – Dans ce contexte, c'est l'honneur des pays européens d'avoir porté tout le processus à bout de bras. S'il y avait un Nobel de l'environnement, il devrait être attribué à l'Union européenne. Dès décembre 2008, elle ne s'était pas contentée de prendre des engagements politiques, elle a adopté un dispositif complet, juridique et financier, pour se contraindre à réduire ses émissions de 20% d'ici 2020, et cela quel que soit le résultat à attendre des négociations de Copenhague ! Depuis lors, ses dirigeants et ses diplomates n'ont cessé de presser leurs partenaires, allant jusqu'à proposer une aide financière considérable pour aider les pays les plus défavorisés. Parmi eux, une mention spéciale doit être attribuée au Président français : son obstination infatigable et son allergie à toute forme de découragement ont sauvé, non seulement la conférence elle-même, mais, au-delà, toute la démarche, qui n'aurait pas survécu au délitement d'un tel Sommet.

3 – L'échec s'explique par deux causes fondamentales, auxquelles on ne trouvera pas de remède rapide.

Sur le fond : l'évaluation des dangers et des causes du réchauffement climatique telle que nous l'acceptons en Europe n'est guère partagée au-delà. Pour les autres continents, les priorités ne sont pas les mêmes. La croissance, le développement, l'accession au rang de grande puissance, la sortie d'une pauvreté millénaire sont privilégiés par rapport à un danger considéré comme lointain, voire hypothétique. En France, Claude Allègre est diabolisé, mais disons, pour faire image dans ce débat si médiatique, que nous nous sommes trouvés être 500 millions de Nicolas Hulot face à 6 milliards de Claude Allègre. Ce qui nous amène à réaliser soudain que le groupement des scientifiques spécialisés dans le climat, le GIEC, a reçu, non le Nobel de physique, mais le prix Nobel de la Paix, et que celui-ci, en dépit de son ambition planétaire, est décerné par un jury exclusivement européen (et même exclusivement norvégien). Considérable à Stockholm ou à Paris, l'impact politique n'est pas le même à Pékin, à Delhi, ni à Lagos. Ni même à Houston, malgré Al Gore …

Sur la méthode. Et là, les Européens devraient être les moins surpris de tous. Il nous a fallu un demi-siècle, entre Européens, pour nous affranchir du carcan de l'obligation de l'unanimité requise pour la moindre décision à prendre ensemble. Ce n'est que depuis le 1er décembre dernier que nous en sommes délivrés grâce à l'application du traité de Lisbonne. Quelques jours plus tard, voilà 189 pays réunis à Copenhague, à qui on demandait de soumettre leurs producteurs et leurs consommateurs à des contraintes techniques et financières draconiennes, dans un système politique embryonnaire, resté esclave de l'unanimité. La voilà, la « mondialisation », sous son aspect politique !Pendant la guerre froide, l'accord entre Washington et Moscou valait décision mondiale, chacun des deux « super-grands » assurant la discipline de son camp. Dans les années 90 encore, l'accord entre Américains et Européens permettait de créer l'Organisation mondiale du Commerce, le reste du monde acceptant de suivre. Cette période est révolue : les pays émergents prennent la parole, occupent leur rang et, derrière eux, s'engouffrent des puissances moyennes ou petites qui entendent aussi faire respecter leur souveraineté nationale. Il a fallu la pression d'une urgence extrême et le sentiment d'un sort partagé pour que le G20 parvienne à une réponse concertée face à la crise financière. Mais, au-delà, les règles du jeu mondial du XXIe siècle restent entièrement à inventer. Pour l'environnement, comme pour le commerce : c'est pour la même raison que le processus de Doha est encalminé depuis des années. Comme pour les accords de désarmement.

4 – Le désarmement, précisément, et notamment la maîtrise de la prolifération nucléaire. C'est le prochain grand rendez-vous international, prévu pour 2010 : la mise à jour d'un traité datant de 1968, contourné, ignoré ou délibérément violé depuis par une demi-douzaine d'Etats. Comment éviter que des pays émergents ne remettent en cause la légitimité d'un texte signé il y a quarante ans dans le contexte de la guerre froide et sous le parrainage de ses seuls acteurs ? Comment réunir un consensus quasi mondial – à l'exception des « Etats voyoux » - qui exigera des garanties de sécurité pour chacun, et une forme d'égalité de traitement entre Etats « nucléaires » et « non nucléaires », entre grands et petits, entre « riches » et « pauvres » ? Or, nous sommes ici en face d'un risque beaucoup plus immédiat que celui du réchauffement climatique et qui, lui, ne dépend que de la décision humaine. La leçon de Copenhague est qu'il faut d'abord s'entendre sur la source de légitimité, et sur la méthode de négociation. Cela prendra du temps, mais ne peut-on commencer par s'accorder sur un gel des programmes d'armement de tous les Etats participants ?

5 – Au-delà des risques militaires, il est temps que l'Union européenne se recentre sur la première urgence et la première exigence : la relance durable d'une économie menacée de sous-développement durable. Déjà, avant la crise, notre croissance se traînait sous les 2%, là où les Etats-Unis faisaient moitié mieux, l'Afrique deux fois plus, l'Amérique latine trois fois, l'Inde quatre fois, tandis que la Chine tournait avec un taux à deux chiffres. Aujourd'hui, tous les économistes s'accordent pour estimer que la croissance dite « potentielle » (moyenne atteignable hors temps de crise) de l'ensemble de la zone euro ne dépassera pas 1,5% d'ici à 2020 ! Un et demi pour cent ! Si tel est le cas, aucun de nos problèmes n'est soluble : ni le chômage, ni les inégalités, ni la réforme de l'éducation, ni le financement des retraites, ni le remboursement de la dette alors que nous partons d'un déficit du budget de l'Etat égal à six mois de dépenses ! C'est pourquoi le programme « Europe 2020 » que prépare la nouvelle Commission européenne doit se donner comme objectif absolu, voire exclusif, le doublement de notre croissance potentielle. Et nos dirigeants doivent maintenant déployer à cette grande œuvre l'énergie inépuisable qu'ils ont consacrée depuis un an, à juste titre, aux grandes causes mondiales.

6 – Cela ne signifie pas qu'il faille baisser les bras sur le dossier énergétique et climatique. Même décevantes, les conclusions de Copenhague ont le mérite de prévoir un calendrier de suivi. Le traité de Lisbonne donne à l'Union européenne la compétence, qui lui manquait, pour concevoir et conduire une politique énergétique commune. Si un accord unanime, global et exhaustif semble hors de portée, des progrès appréciables sont possibles dans plusieurs directions :

- Sur le prix des hydrocarbures. A supposer que la raréfaction inéluctable des gisements tarde à produire ses effets, il est possible, soit de négocier le maintien d'un prix élevé avec les pays producteurs (l'OPEP, ainsi que l'organisation gazière en gestation), soit d'assurer celui-ci par l'impôt – qu'on l'appelle IRPP ou taxe carbone. Rappelons au passage que, contrairement au discours dont l'opinion s'est laissée bercer jusqu'à une date très récente, lutter contre le changement climatique coûtera cher au consommateur ou/et au contribuable.

- Sur la neutralisation des émissions des centrales à charbon, de loin les plus nocives. A elle seule, la Chine inaugure, en moyenne, une nouvelle centrale au charbon chaque semaine ! Le plan de relance européen comporte le financement de plusieurs installations pilotes de capture et d'enfouissement du CO² - dont une en France, à Florange. Ce sont évidemment des recherches à accélérer.

- Sur l'arrêt de la déforestation. Le Brésil est ici en première ligne, et plusieurs pays africains et asiatiques peuvent participer à un accord international intelligent sur le sujet.

- Enfin, sur l'aide aux pays en développement. Une révision déchirante qu'il est grand temps de faire : à quoi servent les dizaines de milliards d'euros et de dollars donnés aux pays « les moins avancés » s'ils n'aident, ni au développement économique, ni à la démocratisation (rebaptisée pudiquement « bonne gouvernance »), ni à la sécurité alimentaire (moins de 5% de l'aide à l'Afrique !), ni à la préservation de l'environnement ? La crise économique a laissé nos budgets nationaux dans un tel état que nous ne pouvons plus nous permettre de soigner à grands frais notre mauvaise conscience du passé sans mettre au premier plan l'intérêt des peuples concernés. Voilà un autre grand sujet qui mérite un effort de créativité dans la manière de l'aborder au niveau planétaire, à un moment où la Chine, l'Inde, la Corée du Sud et plusieurs pays pétroliers viennent prendre le relais des anciens pays colonisateurs, certes pour aider ces pays, mais aussi pour contrôler leurs ressources naturelles et, parfois, pour acheter leurs terres fertiles.

Décidément, il y a beaucoup de fruits à cueillir, après le soi-disant échec de Copenhague…

Paru sur le site d'Alain LAMASSOURE, le 23 décembre 2009

http://www.alainlamassoure.eu


Alain Lamassoure est député européen

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