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par Jean-Sylvestre Mongrenier, le jeudi 26 août 2010

Depuis l'automne 2009, Paris cherche à vendre à la Russie quatre navires de guerre de type « Mistral ». Le 23 juillet 2010, le président français présentait cette vente comme acquise mais, le 20 août suivant, Moscou annonçait le lancement d'un appel d'offres international. Les incertitudes et les contrecoups diplomatiques de cette négociation mettent en exergue les contradictions de la politique étrangère française.


Présentée par l'Elysée comme un fait acquis, la vente à la Russie de navires de guerre de type Mistral semble mal engagée. L'issue est encore incertaine mais ce projet a d'ores et déjà provoqué des remous diplomatiques entre la France et ses alliés. Confrontés aux inquiétudes des pays d'Europe centrale et orientale, situés dans le voisinage d'une Russie perçue comme une puissance révisionniste, les officiels français ont expliqué que le Mistral était un simple ferry-boat dépourvu de véritable plus-value militaire pour son éventuel acquéreur. En l'occurrence, il semble qu'ils pèchent par excès de modestie.

Ce type de bâtiment est tout à la fois un porte-hélicoptères, un transporteur de troupes et une plate-forme de commandement équipée en haute technologie. Un tel système d'armes permet de projeter forces et puissance depuis la mer vers la terre et son éventuelle mise en œuvre par la marine russe aurait un impact évident sur l'équilibre des forces en Baltique ou en mer Noire. Aussi la diplomatie élyséenne s'est-elle engagée à ne pas procéder aux transferts de technologies exigés par les Russes. Le présent appel d'offres vise peut-être à faire pression sur les conditions du contrat (équipement, répartition des tâches et prix).

L'aboutissement d'un tel projet marquerait un tournant pour la Russie comme pour les pays de l'OTAN. La Russie renoncerait à sa politique d'autarcie en matière d'acquisition d'armements et nous entrerions dès lors dans une période de concurrence entre différents pays de l'OTAN pour accéder au marché militaire russe. La réforme militaire menée par Anatoly Serdioukov, le ministre russe de la Défense, vise en effet à mettre sur pied un système de forces modernes pouvant être rapidement déployées dans l' « étranger proche ».

Dans cette perspective, il faut pouvoir combler le retard technologique en recourant à des importations ciblées. Enfin, les négociations autour du Mistral ont pour avantage de mettre en évidence les divisions à l'intérieur de l'OTAN et de l'UE.

Du côté français, la dimension économique de ce projet ne doit pas être négligée. Le déficit commercial est abyssal, les dépenses militaires nationales ne peuvent pallier les exportations d'armes et les chantiers navals de Saint-Nazaire sont en jeu. Il faut donc remplir les carnets de commande.

Cela dit, les tenants et aboutissants du Mistral sont principalement politiques. La France craint d'être déclassée par la puissance allemande en Europe et un partenariat diplomatico-stratégique renforcé avec Moscou pourrait contrebalancer les étroites relations économiques et énergétiques germano-russes. Dans une perspective plus large, Paris entend réaffirmer son rôle de puissance mondiale en développant ses relations avec des acteurs géopolitiques globaux situés à l'extérieur de l'ensemble euro-atlantique.

Les pérégrinations du Mistral révèlent les contradictions de la politique étrangère française. Que l'on songe au théâtre géostratégique russo-géorgien où la diplomatie élyséenne s'est si fortement engagée. Il semble difficile de se poser en puissance médiatrice pour vendre ensuite des armes à l'une des parties prenantes - la Russie -, irrespectueuse par ailleurs des accords de paix. Sur un plan plus général, la France ne saurait prétendre à un quelconque leadership en Europe et à une plus grande influence au sein de l'OTAN sans prendre en compte les légitimes intérêts de sécurité de ses alliés. Enfin, la quête d'une relation préférentielle avec une puissance extérieure contredit les efforts déployés en parallèle pour donner plus de substance à l'UE et renouveler l'Alliance atlantique.

Les développements de cette affaire semblent donc échapper à la maestria élyséenne. A Moscou, des groupes d'intérêts opposés s'affrontent autour de ce dossier sans que les négociateurs français n'aient une claire vision de la situation. Quant à Igor Setchine, l'homme désigné par Vladimir Poutine pour négocier avec Paris, il préfèrerait une solution nationale ou, à défaut, se tourner vers le sud-coréen Daewoo. Dans cette affaire, la France a déjà perdu une partie de son crédit et le « pragmatisme » tant invoqué se révèle être un petit cynisme à courte vue. Plutôt que de se précipiter, se prêtant ainsi aux troubles jeux russes, il faudrait privilégier la concertation entre alliés. L'article 4 du traité de l'Atlantique Nord autorise la chose.


Abstract
Since one year, Paris is seeking to sell to Russia four Mistral-type warships. On 23 July, Nicolas Sarkozy showed the sale as a fact. The following 20 August, Moscow announced that there would be an international invitation to tender. The uncertainties and diplomatic after-effects of this negotiation display the contradictions of France's foreign policy.




Jean-Sylvestre Mongrenier est chercheur à l'Institut Français de Géopolitique (Paris VIII) et chercheur associé à l'Institut Thomas More.

Il est l'auteur de "La Russie menace-t-elle l'Occident ?" (Editions Choiseul, 2009), ouvrage récompensé par le Prix Anteios du livre géopolitique 2010.

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