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par Noëlle Lenoir, le vendredi 16 avril 2010

De Katyn à Smolensk : Un accident épouvantable à haute charge symbolique

Le crash de l'avion présidentiel polonais qui a entraîné la mort de près de cent hauts dignitaires de Pologne, politiques, militaires et financiers, dont le Président Lech Kaczynski et son épouse, à l'aéroport de Smolensk en Russie, a suscité à juste titre une émotion considérable à travers le monde.


Editorial paru sur le site du Cercle des européens le 12 avril 2010


Le drame est sans précédent. Il frappe une nation que l'histoire a déjà éprouvée et dont la réputation de vaillance et de courage dans l'adversité n'est plus à faire.

Pour des croyants, comme le sont en grande majorité les Polonais, cet accident tragique est-il un signal d'en haut ? La forêt de Katyn, là même où en 1940 ont été assassinés par les soldats de Staline les officiers et sous-officiers de l'armée polonaise retirés sur le front Est, est-elle un lieu maudit ? C'est en ce lieu en effet que les dirigeants polonais, après leur atterrissage à Smolensk, devaient rencontrer leurs homologues russes. Il s'agissait de sceller leur rapprochement, à l'occasion du 70ème anniversaire du massacre que la propagande communiste avait jusque là maquillée en crime nazi. Katyn est-il définitivement marqué par la malédiction ?

Ce qui devait être le premier acte d'une réconciliation polono-russe tardant à se concrétiser est donc raté.

La symbolique tragique de cet accident d'avion est d'autant plus manifeste qu'en réalité le véritable artisan de la rencontre entre Lech Kaczynski et Vladimir Poutine et Dimitri Medvedev n'était pas le président polonais, mais son premier ministre, Donald Tusk. Ce dernier s'était fait fort dès son entrée en fonction en 2007 (après avoir battu le Premier ministre d'alors et toujours jumeau du Président, Jaroslaw Kaczynski) d'oeuvrer en vue d'un rapprochement de son pays avec l'Allemagne et la Russie vis à vis desquelles les Polonais gardent une grande méfiance. La commémoration polono-russe du massacre des quelque 22000 victimes de Staline dans le forêt de Katyn, était à mettre à son actif. Et si Donald Tusk s'est rendu à Katyn le 7 avril trois jours avant la date prévue pour le voyage du Président Kaczynski, c'est en raison des tensions qui existaient au sein de la cohabitation.

Quel coup du sort !

Des conséquences politiques incertaines à la veille des échéances présidentielles

Drame humain sans précédent, l'accident peut-il avoir des conséquences politiques ?

La question se pose du fait des élections présidentielles anticipées qu'il implique. Ces élections devaient se tenir en octobre/novembre prochain. Tous les sondages annonçaient la défaite programmée de Lech Kazcinski. Le candidat de la Plateforme civique - le parti de Donald Tusk - Bronislaw Komorowski, l'actuel Président de la diète (d'ailleurs chargé de l'intérim présidentiel) recueillait il y a peu 60% des intentions de vote, marginalisant ainsi tant la gauche que Lech Kaczinski et son parti le PiS (Droit et Justice). Kazcinski était crédité quant à lui de 27% des intentions de vote.

Cette marginalisation du Président polonais inquiétait même bigrement les Conservateurs britanniques dans leur offensive pour reprendre le pouvoir des mains des Travaillistes en vue des élections générales du 6 mai. N'oublions pas en effet que les Conservateurs ont pactisé avec le PiS et les nationalistes tchèques pour former l'un des groupes les plus eurosceptiques du Parlement européen. Ce qui avait donné lieu à des joutes oratoires particulièrement animées entre David Milliband, ministre britannique des Affaires étrangères et Michael Kaminsky, président de ce groupe et membre du PiS, le premier accusant le second d'antisémitisme, voire de copinage avec l'extrême droite néo-nazie. Ceci, à partir de la constatation d'un acoquinage entre le PiS et Radio Marya, une radio aux relents antisémites et xénophobes.

Aujourd'hui les dés sont de nouveau jetés.

Certes, quels que soient les résultats de la Présidentielle, le gouvernement de Donald Tusk, qui s'appuie sur la Plateforme civique, restera solidement en place.

De plus, le Président de la République polonaise, bien qu'élu au suffrage universel direct, n''a pas les pouvoirs du Président de la République française. Il a des fonctions de représentation. Il a aussi un pouvoir de veto, comme l'a montré Lech Kaczynski lorsqu'il s'est opposé jusqu'au bout à la ratification du traité de Lisbonne. Mais ce pouvoir a des limites, comme le Président polonais l'a montré également lui-même en acceptant d'apposer finalement sa signature au bas de l'acte de ratification.

Pour autant, il ne faut pas négliger le signal que donnerait par exemple, l'élection par un peuple polonais en proie à l'émotion de Jaroslaw Kaczynski, le prédécesseur de Donald Tusk, aux positions encore plus marquées que celles de son défunt frère jumeau. Cette élection paraît peu probable. Mais la politique a parfois ses raisons que l'émotion connaît mieux que la raison.

Or on peut penser que ce n'est pas un hasard si dans l'avion présidentielle figurait également - et figure donc parmi les victimes du crash - le Vice Président de la diète et candidat officiel de la gauche à la présidence, Jerzy Szmajdzinski. Ce dernier et Kaczynski, tous deux candidats à la présidentielle, avaient-ils des motifs de se parler de cette échéance ? Ce qui est certain en tous les cas, c'est que quelques jeunes loups du PiS ne manquaient pas tout récemment encore de mettre en cause le leadership des frères Kaczynski sur le parti, en invoquant la nécessité d'un rapprochement avec la gauche pour battre Komorowski en tant que candidat de la Plateforme civique.

Éventualité rejetée par l'Alliance démocratique de Gauche. Mais, en politique, sait-on jamais ? Une stratégie consistant à faire perdre un candidat pour faire élire un parti opposé, pour prendre date et reprendre la main ensuite, n'est jamais exclu, pas plus en Pologne, en France ou ailleurs !

Élections à suivre attentivement, donc.

Peu ou pas d'impact économique

Il n'y a aucune raison en revanche que le drame de Smolensk ait un véritable impact sur la conduite de la politique économique polonaise.

Donald Tusk a compris qu'une certaine rigueur devait être de mise. Lorsque la gauche était au pouvoir dans les années 2001/2003, la dette (peu importante) avait augmenté de dix points. Les jumeaux, entre 2005 et 2007, ne se montraient pas non plus très intéressés par l'économie.

Aujourd'hui, les Polonais ont tout lieu d'être satisfait de leur gouvernance économique. Leur taux de croissance, dans une Europe déprimée, serait de 2,75% en 2010 et 3,25% en 2011. La Pologne est le seul pays européen à ne pas avoir connu la récession à la faveur de la crise bancaire. La dette reste contenue, et d'ailleurs la Constitution polonaise interdit qu'elle dépasse 60% du PIB.

Enfin, les fonds communautaires - fonds régionaux et subventions de la Politique agricole commune (PAC) - affluent. Environ 100 milliards d'euros sur la période 2007/2013. Du jamais vu. La transition de l'agriculture polonaise n'en est que facilitée. Et cette manne est un facteur d'attractivité pour les entreprises étrangères qui candidatent aux marchés financés par les crédits de la politique régionale européenne.

Cela ne veut pas dire que le gouvernement polonais soit dispensé de tout effort de réforme. L'OCDE vient de lui lancer un appel à cet égard, dans le cadre de son "Etude économique de la Pologne 2010".

Avec 7% de déficit des finances publiques, le gouvernement est invité à faire preuve de discipline budgétaire et à lancer de larges réformes structurelles, notamment en matière de retraites, pour se préparer à entrer dans la zone euro.

Sagement, les dirigeants polonais ont reculé la date de cette entrée en 2015, au lieu de 2012 comme annoncé précédemment.

Les atouts de la Pologne : une politique monétaire stricte menée sous l'égide d'une banque nationale indépendante de l'Etat. Au demeurant, après la mort du Gouverneur de la Banque centrale polonaise emporté dans le crash de Smolensk, on reparle, pour diriger la banque centrale, de Leszek Balcerowicz. Celui-ci, ancien gouverneur de la banque centrale et ancien ministre des Finances de Pologne, venu le 11 mars présenter à Paris devant le Cercle des Européens, sa méthode pour assurer la transition de son pays vers l'économie de marché, a très bien illustré la problématique du succès du modèle polonais.

Reste à mener les réformes de structures qui s'imposent, si tant est que les fonds communautaires ne seront pas éternels.

Pour le surplus, il faut espérer que la Pologne, un grand pays, une grande culture, reste dans le jeu européen, et participera davantage à l'intégration politique européenne.

Tout en faisant entendre sa voix sur la politique étrangère de l'Europe, que ce soit vis à vis de la Russie ou des Etats-Unis. Mais c'est un autre sujet !


Noëlle Lenoir, est ancienne ministre déléguée aux Affaires européennes. Elle est présidente de l'Institut d'Europe d'HEC et du Cercle des Européens 

http://www.hec.fr/institut-europe

http://www.ceuropeens.org

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