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par Alfed Mignot, le mercredi 28 décembre 2011

De nombreuses personnalités euro-méditerranéennes ont participé, vendredi 9 décembre 2011, à la conférence - débat organisée par l'IPEMED, en partenariat avec la Caisse des Dépôts, et consacrée à "La Méditerranée à l'horizon 2030, quelles propositions pour une meilleure convergence ?", thème d'une étude prospective que l'IPEMED vient de finaliser. Un travail unanimement salué, et que les différents orateurs se sont plu à enrichir de leurs contributions.


Laurent Vigier, Directeur des Affaires européennes et internationales du Groupe Caisse des Dépôts, rappelle, dans son propos liminaire, que le Groupe Caisse des Dépôts a fortement intégré dès 2007 l'espace méditerranéen dans sa stratégie d'action internationale – ce qui a conduit à la création de plusieurs instruments financiers, et en particulier le fonds Inframed, qui compte à ce jour quelque 40 projets en cours d'examen de financement. Nous croyons en l'avenir du sud méditerranéen. Nous n'avons pas de leçons à donner, mais nous souhaitons chercher ensemble des solutions communes, construire ensemble un chemin d'avenir et de partage", a souligné Laurent Vigier.

Jean-Louis Guigou, Délégué général et fondateur de l'IPEMED, appelle avec sa fougue habituelle à la mobilisation des élites : "Vous, les élites, ne devez pas démissionner, mais faire preuve d'encore plus de vigilance, ne pas laisser la méfiance s'instiller dans les populations… Comment ? Vous devez vous demander ce qui peut rapprocher les deux rives de la Méditerranée, et miser gagnant… À l'IPEMED, nous avons identifié quatre forces déterminantes pour l'avenir de la Méditerranée : la régionalisation de la mondialisation ; la démocratisation des pays arabes ; la convergence nord-sud ; l'intégration économique, comme les Allemands l'ont fait avec les pays de l'Est".

Développant ensuite chaque point, Jean-Louis Guigou regrette que l'Europe n'ait toujours pas intégré son sud, contrairement aux autres grands blocs régionaux (Alena, Asean…), alors que "c'est le bloc qui fera la meilleure connexion avec son sud qui gagnera", estime-t-il.

Sur l'idée de la convergence entre le nord et le sud, Jean-Louis Guigou indique que le rapport sur "La Méditerranée à l'horizon 2030" est le fruit d'un travail de deux ans et demi, de trente intellectuels et prospectivistes issus de quinze pays méditerranéens, et rassemblés à l'initiative de l'IPEMED. "Trois scénario se sont présentés à eux : la pagaille ; la marginalisation, avec le sud de l'Europe qui s'effondre ; le scénario de la convergence entre les deux rives. Cela me réjouit, bien sûr, que ces hommes compétents retiennent le scénario de la convergence, car tous les autres nous mettraient dans une position intenable."

Yadh Ben Achour, ancien Président de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la Révolution (Tunisie), estime que si l'on veut favoriser le scénario de la convergence régionale méditerranéenne, "il ne faut pas oublier le volet culturel, car si on ne le fait pas en même temps, ce sera un échec (…) Dans la rupture que nous observons, entre la culture sécularisée des élites et la culture confessionnelle des peuples, il y a une confrontation qui frise la violence."

En Europe, estime Yadh Ben Achour, on assiste à la scénarisation du sentiment de victimisation des communautés musulmanes, qui visent à rendre le milieu d'accueil moralement responsable de tous leurs problèmes, et provoquent ainsi l'enchaînement de réactions et de ruptures du côté du milieu d'accueil, dont l'islamophobie grandissante.

"Il faut considérer ces réactions comme des sonnettes d'alarme, relève Yadh Ben Achour, et admettre qu'il ne peut y avoir de prospective économique sans prospective culturelle." Dans cet esprit, Yadh Ben Achour a formulé des recommandations au titre des convergences culturelles à établir ou à renforcer, et notamment "que l'on diffuse puissamment la culture universelle des Droits de l'Homme, afin de montrer sa supériorité. Je crois qu'on peut le faire, car la culture des Droits de l'Homme est supérieure à celle qui fait de l'Homme l'esclave de Dieu", a-t-il conclu.

Miguel Angel Moratinos, ancien Ministre espagnol et ardent militant de l'Euro-Méditerranée, exprime son souhait d'ajouter une dixième recommandation aux neuf (1) formulées dans le rapport "Méditerranée 2030" de l'IPEMED : "Ma dixième recommandation est politique – car je refuse d'être gouverné par les économistes, c'est pourquoi tout va si mal (!) : il faut s'engager politiquement à résoudre les grandes crises qui ont plombé le processus de Barcelone. Il faut pour cela ouvrir les frontières, en finir avec le conflit du Sahara occidental, refuser que le conflit du Proche-Orient perdure. C'est maintenant qu'il faut faire la paix, car les démocrates arabes vont le demander."

Miguel Angel Moratinos ajoute que l'UpM doit s'adapter à la nouvelle donne : " Une seule chose compte : avoir la volonté politique, et nous pourrons réussir."

Abderrahmane Hadj Nacer, ancien Gouverneur de la Banque d'Algérie, affirme d'emblée : "Je suis un économiste mais je ne crois qu'à la politique !" et poursuit dans la même veine : "On ne fait pas assez d'analyse politique sur le fait que l'Union européenne n'a pas de vision à long terme. Il est frappant qu'en Europe on soit autant dans le court-termisme. Est-ce à cause du mode de construction européenne ?"

Selon lui, "les réformes en cours en Algérie sont en régression sur la situation d'il y a vingt ans ! Or, ces jours-ci, un officiel [français, ndlr] est venu nous féliciter… Nous avons abandonné l'encadrement de la population aux mosquées, tandis que nous avons détruit toute intermédiation de la société civile. Maintenant, on voit émerger le danger d'une volonté qui voudrait briser l'élan [des printemps arabes]… On se demande si les Européens, nos voisins, se rendent compte. J'émets un doute".

Elisabeth Guigou, ancien Ministre, députée, estime que "rien ne sera plus jamais comme avant dans ces pays. Les révolutions sont nées d'une aspiration extrêmement forte des peuples, de leur volonté de se libérer des despotes. Oui, nous avons besoin de refonder totalement le partenariat euro-méditerranéen, et de faire confiance : c'est une bonne chose que l'on respecte enfin le résultat des élections, contrairement à ce qui fut fait avec l'Algérie. Mais, en tant que femme, je serai très attentive à ce que l'on ne remette pas en cause leurs acquis."

L'ancien ministre considère aussi que l'Europe se doit d'avoir une vision à long terme, "c'est son intérêt stratégique", et que le moment est opportun pour refonder le partenariat nord-sud, car "nous avons la chance de vivre une deuxième Renaissance arabe – après la Nahda, au XIXe siècle, qui vit aussi la Tunisie abolir l'esclavage en 1846, deux ans avant la France, et se doter d'une constitution séparant le civil du religieux."

Si l'Union européenne paraît avoir pris conscience de cette chance historique,
"elle n'en fait pas assez ", estime Elisabeth Guigou, qui considère que la perspective s'impose, d'une "forme d'union politique entre l'ensemble de l'Europe et les pays du sud méditerranéen."

Le Professeur Adel El-Beltagy, Président du Centre International de Hautes Etudes Agronomiques Méditerranéennes (CIHEAM), considère lui aussi que "nous devons nous redécouvrir les uns les autres, nous référencer pour travailler ensemble en co-responsabilité, sinon nous ne réussirons pas. Il y a urgence, nous devons agir rapidement (…)"

Dans la perspective des 50 millions d'emplois à créer au sud, que peut offrir l'Europe ? Des connaissances, des institutions, du savoir qui peuvent être transférés, dans un esprit gagnant-gagnant, pour une meilleure intégration, et moins de troubles en Europe

El Mouhoub Mouhoud, Professeur d'économie à l'Université Paris Dauphine estime que pour avancer sur la voie de la convergence, "il faudrait que les pays du sud œuvrent entre eux à intégration régionale". C'est ce qui se passe déjà dans l'Est méditerranéen, "où la Turquie joue un rôle majeur, économique et politique" et apparaît de plus en plus comme un modèle social, culturel, religieux.

Ainsi, la première étape d'une "intégration" régionale autour de la Turquie " pourrait ensuite rebondir sur meilleure intégration méditerranéenne", estime le professeur, considérant aussi que l'actuel " verrouillage algéro-marocain pourrait être contourné".

Jean-Louis Chaussade, Directeur général de Suez Environnement, élu le jour même nouveau Président du Conseil de surveillance de l'IPEMED (il succède à Gérard Mestrallet, dont le mandat arrivait à échéance) ramène l'assistance à des considérations très pragmatiques : "En 2030, la ressource en eau sera le grand problème. On ne trouve que 3 % des ressources mondiales en eau dans les pays méditerranéens, la rive sud ne dispose que de 13 % des réserves du pourtour, et les besoins vont augmenter de 25 à 30 %. Bref, je ne vois pas comment on pourra construire une convergence nord-sud si on ne résout pas ensemble la problématique de l'eau. Il faut définir une véritable politique commune de l'eau, créer une agence méditerranéenne de l'eau", estime Jean-Louis Chaussade, soulignant que si une (bonne) gouvernance se met en place, "on pourra faire les investissements."

Xavier Beulin, Président de Sofiprotéol et de la FNSEA, considère comme Jean-Louis Chaussade que l'eau et le risque de sécheresse, sont une problématique prégnante et commune aux deux rives de la Méditerranée.

Revenant sur l'idée d'une PAC-EuroMed évoquée par Miguel Angel Moratinos, Xavier Beulin déclare que lui-même, avec Henri Nallet, s'était efforcé de promouvoir cette perspective. "Il n'y a rien à craindre pour les Européens, cela pourrait être un excellent support à la recherche commune", déclare-t-il avant d'expliquer qu'en France, par exemple, la perte d'emplois purement agricoles a été compensée par des créations en amont et en aval. "Selon l'INSEE, si l'on comptabilise tout ce qui tourne autour de l'agriculture, cela représente quelque 15 % des actifs, et non pas 4,5 %, comme on le dit communément. L'agriculture, et tout ce qui rayonne autour – agroalimentaire, services… – représentent sans aucun doute des pôles de développement très importants !"

Bahadir Kaleagasi, Président de l'Institut du Bosphore (Turquie) observe que "dans un monde en expansion, l'Europe se rétrécit ! L'Europe, estime-t-il, doit cesser de voir son voisinage immédiat comme externe, mais le considérer comme un grand cercle interne, euro-méditerranéen (…) La Turquie est en marche vers l'adhésion – plus de 60 % de l'acquis communautaire sont maintenant transférés – mais l'UE est en train de changer."

Après la chute du mur de Berlin, note encore Bahadir Kaleagasi, "l'Europe a su réagir et donner aux pays de l'Est la possibilité d'entrer dans l'Union. Aujourd'hui, alors que le sud méditerranéen fait ses révolutions, il faut une perspective qui ait un sens, qui soit crédible.
"


Radhi Meddeb, Président de l'IPEMED, évoque, dans son propos de synthèse, que la Méditerranée "n'ira pas vers la convergence sans la levée des ruptures orientales et occidentales", d'autant que des déséquilibres et problèmes majeurs dans la région – eau, sécurité alimentaire… – s'accentueront avec le changement climatique.

Pour faire face, "le processus euromed doit être revisité profondément. Il doit aussi devenir le projet des populations, et pas seulement des élites. Là est peut-être la clé de la réussite tant souhaitée par nous du scenario de la convergence."

Gérard Mestrallet, PDG de GDF SUEZ eut l'honneur de prononcer l'allocution de clôture, en sa qualité de Président sortant du Conseil de surveillance de l'IPEMED, après trois mandats successifs.

Selon Gérard Mestrallet "l'UPM est un peu tombée en panne, mais le rôle des entreprises est d'avancer sans attendre les politiques. Les entreprises prêtes à s'engager pour coopérer avec le sud ont un rôle à jouer, et les rassembler a été le sens de mon travail avec l'IPEMED. C'est pourquoi, aussi, nous avons créé l'EMCC, l'Euro-Mediterranean Competitiveness Council, afin de prendre des initiatives et d'aller de l'avant, car le temps de la Méditerranée est arrivé !

Notre vision est de faire de la Méditerranée un territoire de croissance, intégré, puissant, solidaire, une grande région du monde. La crise de l'Union européenne et les bouleversements dans les pays arabes doivent nous conforter dans le désir d'agir, fort et vite"


Mardi 13 Décembre 2011 - Alfred Mignot

(1) Pour parvenir au scénario de convergence régionale qu'IPEMED appelle de ses vœux, neuf recommandations pour un « écosystème » méditerranéen ont été élaborées.

En voici un bref résumé :

1 : Investir dans le capital humain en favorisant la mobilité
2 : Accélérer les transferts de savoirs, de compétences et de technologies
3 : Créer un espace institutionnel commun accompagné de transferts financiers
4 : Engager un processus de certification méditerranéenne couvrant les services et l'agriculture dans un premier temps
5 : Sélectionner les projets cofinancés dans le cadre de l'UpM sur leur potentiel de création d'emploi et/ou de sobriété énergétique
6 : Créer un fonds méditerranéen environnemental
7 : Mettre en place une banque méditerranéenne d'investissement
8 : Intensifier les réseaux de transports au Sud de la méditerranée en vue de favoriser la fluidité des échanges commerciaux Sud-Sud
9 : Élaborer une politique commune de sécurité alimentaire.


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