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par Adrianus Koetsenruijter , le samedi 29 octobre 2011

Délégué de l'Union européenne à Tunis depuis trois ans, Adrianus Koetsenruijter a, comme tout le monde, été emporté par l'euphorie qui a régné tout au long de l'élection de l'Assemblée constituante tunisienne. Ce haut fonctionnaire de la Commission a expliqué à Fenêtre sur l'EuroMéditerranée le chemin qui a été parcouru depuis le 14 janvier dernier et la manière dont l'Union européenne entend contribuer au nouveau chapitre qui s'ouvre.


Comment le délégué de la Commission européenne à Tunis a-t-il vécu la période allant du 14 janvier à aujourd'hui et, plus encore, le point d'orgue qu'a constitué le dimanche des élections pour la Constituante ?

Le dimanche 23 octobre a été une fête de la démocratie. Je suis allé dans plusieurs bureaux de vote. Les gens étaient dans de longues queues, il faisait chaud, mais personne ne s'est plaint d'avoir à attendre parfois trois ou quatre heures avant de pouvoir voter. C'était vraiment l'expression d'un "Enfin, on peut voter librement ici". Il s'agit donc d'une grande victoire pour le pays.

Depuis le 14 janvier, il s'agit aussi d'une grande libération pour nous, représentants de l'Union européenne et partenaires de la Tunisie…

Une libération dans quel sens ?

Une libération parce que, avant, nous étions très limités dans nos mouvements, y compris physiquement : nous ne pouvions voyager dans le pays que de manière très limitée, toujours avec des "accompagnateurs". Nous étions également limités sur ce que nous pouvions dire ouvertement. Nous avions des discussions avec certaines personnes avec lesquelles nous nous sentions plus libres, mais même là, nous n'étions jamais sûrs. Mon bureau a dû être inspecté afin de vérifier s'il n'y avait pas de micros… C'était cela, la vie ici, avant. En tant qu'Européens, il était impossible d'être libres dans nos relations avec les Tunisiens. Il nous arrivait d'avoir des contacts avec des représentants du gouvernement de l'ancien régime qui étaient capables, compétents et parfois même sympathiques, qui faisaient du bon travail pour leur pays, mais l'ambiance générale était nourrie de peurs. En fait, notre relation était limitée aux aspects plutôt techniques, l'économie, l'environnement, l'éducation… Tout cela était très utile, mais nous n'avions jamais de contact avec le bénéficiaire final. Donc, on peut vraiment parler de libération en ce qui nous concerne !

D'un autre côté, les islamistes d'Ennahda sont les grands vainqueurs. N'est-ce pas tomber, d'une certaine manière, de Charybde en Scylla ? Est-ce réellement un succès pour les Européens ?

Je pense que oui parce que, pour nous, le plus important, c'est la démocratie et l'expression de la volonté d'un peuple. C'est une valeur fondamentale de l'Europe, même si nous sommes parfois confrontés à des situations qui ne sont pas toujours faciles pour nous – ce qui n'est pas le cas cette fois. Le plus important est, pour nous, d'avoir pour interlocuteurs des personnes qui représentent vraiment ce qu'est et ce que pense le pays. La Tunisie avait besoin d'un grand mouvement d'émancipation pour une grande partie de la population n'ayant jamais eu accès au pouvoir et aux décisions politiques par le biais de ses représentants élus. Donc, le plus important pour l'Union est que les résultats traduisent vraiment la volonté du peuple.

Ensuite, bien sûr, nous sommes ce que nous sommes et ils sont comme ils sont. Nous voulons de bonnes relations, c'est dans notre intérêt mutuel. Nous trouverons toujours un moyen de travailler ensemble. Je ne suis pas du tout pessimiste pour la Tunisie car, même s'il est vrai qu'on peut considérer Ennahda comme un parti plutôt conservateur, nous avons aussi en Europe beaucoup de partis démocratiques qui sont inspirés par la religion et qui accèdent au pouvoir sans que cela crée de difficultés. L'islam n'est pas très différent d'autres religions. En raison de l'évolution historique qui est la sienne, il met parfois l'accent sur des thèmes qui ne sont plus tellement importants aux yeux des sociétés en Europe, mais cela n'empêche pas que de bonnes relations puissent être nouées. Et puis, n'oublions que nous sommes dans un monde qui évolue très rapidement. Ici, en marquant leur volonté de rejeter la dictature, les Tunisiens se sont mis en phase avec l'onde de la mondialisation. La société a peut-être voté en premier lieu pour son identité qui avait été niée, mais elle se retrouvera bien vite dans le monde et y adaptera son identité pour devenir un acteur de ce monde globalisé.

Fenêtre sur l'EuroMéditerranée a demandé à plusieurs citoyens tunisiens ce qu'ils attendaient de l'Union européenne, de ses Institutions et de ses Etats membres. Tous ont répondu : "Rien ! Ce que nous attendons de l'Europe, ce sont des investisseurs !" C'est un message que vous pouvez comprendre ?

C'est un message que je comprends et que j'entends depuis mon arrivée en 2008. Le problème, c'est que des investissements ne se décrètent pas. Nous croyons à l'économie de marché parce qu'elle donne les meilleurs résultats à tous les niveaux, aussi bien pour la prospérité que pour l'emploi et les aspects sociaux. L'approche européenne est très pragmatique et repose sur la création de bonnes conditions, de manière à susciter la confiance de ceux qui peuvent investir en vue de créer un produit ou un service de bonne qualité qui se vend à un prix compétitif, aussi bien sur le marché local que sur le marché international. C'est sur cela que les Tunisiens doivent travailler, l'Europe étant tout à fait prête à les accompagner, à leur transmettre ses connaissances et expériences en la matière.

Beaucoup de Tunisiens relèvent aussi qu'un certain nombre de pays de l'Union européenne avaient pactisé avec l'ancien régime pour freiner l'immigration illégale, ce qu'ils reprochent à l'Union. C'est un reproche que vous pouvez entendre ?

C'est un reproche que je n'ai cessé d'entendre depuis l'exode d'une vingtaine de milliers de Tunisiens vers Lampedusa en février dernier. Beaucoup de Tunisiens ont été choqués par la réaction européenne face à cette situation de détresse dans le pays et dans la Lybie en guerre. Cette attitude a été jugée négativement disproportionnée. Je le comprends. J'ai toujours fait valoir que tous les Européens n'avaient pas cette attitude de rejet ; je pense au contraire que la majorité des Européens entendent toujours accueillir des personnes en détresse sans qu'on le leur demande. Par contre, la clandestinité de cette immigration n'était bonne ni pour nous ni pour eux. Rien d'illégal ne peut jamais être défendu ! On peut accueillir les gens en détresse, mieux réagir, en ce qui nous concerne, à ce type d'événements, mais il faut éviter la migration illégale parce qu'elle n'est bonne ni pour les Tunisiens qui partent ni pour l'Europe qui ne peut s'occuper de personnes arrivées sans passeport et sans papiers. La mobilité qui prévaut en Europe, contribuant à sa prospérité et à son intégration, il faut l'assurer de manière efficace avec nos partenaires et nos voisins, c'est évident. Là, c'est vrai, il y a beaucoup à améliorer. Les deux parties doivent trouver de meilleures façons d'avancer en la matière, mais en évitant de s'accuser mutuellement sur un dossier, celui de la clandestinité, qui n'est pas bon en soi.

La Politique de voisinage de l'Union est-elle un instrument suffisant pour traiter avec un pays comme la Tunisie ?

Nous n'avions pas beaucoup d'autres choix. Nous avions eu une approche plus régionale dans le cadre du Processus de Barcelone de 1993 et 1995. Or, on s'est aperçu que la région n'en était pas une. Donc, il a fallu chercher d'autres moyens d'avancer, en quelque sorte de manière géographiquement variable, avec ceux qui allaient plus vite dans certains domaines comme, par exemple, l'économie. De ce point de vue, la Politique de voisinage conserve un sens, étant donné qu'il y a beaucoup de différences entre les différents partenaires. Mais il faut toujours être prêt à remettre l'ouvrage sur le métier : en Tunisie, nous avons aujourd'hui un autre pays ; par rapport à avant janvier, nous avons tout de suite mis l'accent sur la société civile. Nous avons créé des relations avec beaucoup plus de partenaires. Là, ce ne sont plus seulement l'argent et le niveau "Union européenne" qui comptent, mais bien de créer des relations entre les peuples, les associations, les organisations, les partis, les intérêts à tous les niveaux. C'est cela qui rend la société plus forte, y compris vis-à-vis de son propre gouvernement, de sa classe politique. C'est en ce sens que l'Europe infléchira le plus sa politique.

Propos recueillis par
Michel Theys


ambassadeur de l'UE en Tunisie

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